Prise de pouvoir.
3 participants
Forum littéraire :: Italie :: Giglio
Page 1 sur 1
Prise de pouvoir.
Fin mai 1464 – Giglio
Le jour tant attendu était arrivé. Il avait fallu des semaines pour tout préparer. Réunir des hommes, des bateaux. Rodrigue en avait obtenu trois. Plutôt gros, de quoi inquiéter depuis le port de l'île de Giglio, et remplis d'hommes prêts à se battre si les choses devaient mal tourner. Ce n'était pourtant pas dans les plans du Liancy. Depuis le pont d'un des bateaux, il admirait les hauteurs de l'île. Massive, avec ses maisons toutes serrées les unes contre les autres, l'île de Giglio était un écrin étonnant. Le contraste entre les rochers qui pouvaient déchirer n'importe quelle embarcation et le soleil radieux qui illuminait l'île apportait une certaine sérénité au rouquin. La beauté et la brutalité. La grâce, et la violence. Un mélange que le jeune homme appréciait tout particulièrement.
Les navires étaient arrivés à bonne distance de l'île. Il n'était pas question de débarquer frontalement dans le port. Tout allait être une histoire de pression. Jugeant qu'il était temps de passer à l'action, Rodrigue ordonna à Guido et à quatre hommes d'embarquer dans une barque et de rejoindre le port. Le plan était simple. D'après les informations qu'ils avaient en leur possession, les notables de Giglio se réunissaient, une fois de plus, en ce jour, et Guido avait pour ordre de le faire annoncer. Les notables étaient priés de le recevoir, sinon l'île risquait de se retrouver sous le feu des trois navires.
Rodrigue suivit de l’œil son homme de main en train de descendre dans la barque. Jusqu'à présent son travail avait été excellent et le borgne espérait bien qu'il en serait encore de même cette fois. Il n'était plus Écuyer de Ladispoli, il n'était officiellement plus rien. Tout son argent, tous ses biens, toute sa vie étaient dans des coffres dans les cales du navire. Il pouvait tout gagner, comme tout perdre, en quelques minutes, ou en quelques heures. Son sort était pour le moment entre les mains de Guido. En général, cette idée aurait pu l'inquiéter, celui-ci ayant parfois tendance à faire preuve de zèle. Mais le destin de Guido était étroitement lié au sien. Il l'avait suivi aveuglément, quittant même ses proches restés à Monteroni. Si tout se passait mal, ils seraient tous les deux dans la panade.
Mais tout se passerait bien, Rodrigue en était persuadé. Il avait passé tellement de temps sur ce débarquement, que les choses ne pouvaient que bien se passer. Giglio était devenu une obsession, lui permettant d'oublier Astride, et l'empêchant d'aller boire plus que de raison et séduire outrageusement de jolies jeunes filles, comme il avait pu le faire durant son voyage jusqu'à Monteroni. A présent il regardait la barque s'éloigner du navire et se rapprocher lentement du port. La main sur le pommeau de Glorieuse, il était immobile, tout comme l'équipage qui retenait son souffle. La mission de Guido allait durer une ou deux heures, mais tout le monde était suspendu à son résultat, se demandant s'il allait y avoir combat ou non.
Rodrigue, lui, ne se posait pas cette question. Il n'attendait rien. Il regardait l'île et se voyait déjà à sa tête. Une ou deux heures, ce n'était rien par rapport à tout le temps qu'il allait passer ici...
Le jour tant attendu était arrivé. Il avait fallu des semaines pour tout préparer. Réunir des hommes, des bateaux. Rodrigue en avait obtenu trois. Plutôt gros, de quoi inquiéter depuis le port de l'île de Giglio, et remplis d'hommes prêts à se battre si les choses devaient mal tourner. Ce n'était pourtant pas dans les plans du Liancy. Depuis le pont d'un des bateaux, il admirait les hauteurs de l'île. Massive, avec ses maisons toutes serrées les unes contre les autres, l'île de Giglio était un écrin étonnant. Le contraste entre les rochers qui pouvaient déchirer n'importe quelle embarcation et le soleil radieux qui illuminait l'île apportait une certaine sérénité au rouquin. La beauté et la brutalité. La grâce, et la violence. Un mélange que le jeune homme appréciait tout particulièrement.
Les navires étaient arrivés à bonne distance de l'île. Il n'était pas question de débarquer frontalement dans le port. Tout allait être une histoire de pression. Jugeant qu'il était temps de passer à l'action, Rodrigue ordonna à Guido et à quatre hommes d'embarquer dans une barque et de rejoindre le port. Le plan était simple. D'après les informations qu'ils avaient en leur possession, les notables de Giglio se réunissaient, une fois de plus, en ce jour, et Guido avait pour ordre de le faire annoncer. Les notables étaient priés de le recevoir, sinon l'île risquait de se retrouver sous le feu des trois navires.
Rodrigue suivit de l’œil son homme de main en train de descendre dans la barque. Jusqu'à présent son travail avait été excellent et le borgne espérait bien qu'il en serait encore de même cette fois. Il n'était plus Écuyer de Ladispoli, il n'était officiellement plus rien. Tout son argent, tous ses biens, toute sa vie étaient dans des coffres dans les cales du navire. Il pouvait tout gagner, comme tout perdre, en quelques minutes, ou en quelques heures. Son sort était pour le moment entre les mains de Guido. En général, cette idée aurait pu l'inquiéter, celui-ci ayant parfois tendance à faire preuve de zèle. Mais le destin de Guido était étroitement lié au sien. Il l'avait suivi aveuglément, quittant même ses proches restés à Monteroni. Si tout se passait mal, ils seraient tous les deux dans la panade.
Mais tout se passerait bien, Rodrigue en était persuadé. Il avait passé tellement de temps sur ce débarquement, que les choses ne pouvaient que bien se passer. Giglio était devenu une obsession, lui permettant d'oublier Astride, et l'empêchant d'aller boire plus que de raison et séduire outrageusement de jolies jeunes filles, comme il avait pu le faire durant son voyage jusqu'à Monteroni. A présent il regardait la barque s'éloigner du navire et se rapprocher lentement du port. La main sur le pommeau de Glorieuse, il était immobile, tout comme l'équipage qui retenait son souffle. La mission de Guido allait durer une ou deux heures, mais tout le monde était suspendu à son résultat, se demandant s'il allait y avoir combat ou non.
Rodrigue, lui, ne se posait pas cette question. Il n'attendait rien. Il regardait l'île et se voyait déjà à sa tête. Une ou deux heures, ce n'était rien par rapport à tout le temps qu'il allait passer ici...
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Re: Prise de pouvoir.
La première étape avait été un succès. Les notables avaient accepté, non sans mal, de recevoir celui qui avait eu l'audace de paraître à Giglio avec trois navires, de nombreux hommes, et un culot monstre. Ce fut ainsi que Rodrigue se retrouva dans la grande salle où les notables se réunissaient. Quand il était entré, suivi de nombreux hommes portant les coffres remplis d'argent, le silence était lourdement tombé dans la pièce. On l'avait scruté, sous toutes les coutures, remarquant sa tenue impeccable, et une allure à laquelle personne ne semblait s'être attendu. On l'invita alors à s'installer au bout de la longue table autour de laquelle étaient réunis les notables, et à exposer ce qu'il avait à dire. Guido se tenait à côté de lui, légèrement en retrait, traduisant aux non-francophones ce qui disait Rodrigue. Le Liancy s'était mis à l'italien, mais il ne pouvait pas encore tenir tout un discours dans cette langue.
Parfaitement détendu, un sourire ironique et son œil bleu glacier se posant sur chaque tête devant lui, il commença :
- Messieurs, je vous remercie de m'accorder cet entretien, que j'espère fructueux. Je ne ferai pas l'état de la situation ici, vous la connaissez parfaitement. Moi aussi. Nous sommes donc tous d'accords pour constater que vous n'avez pas su vous mettre... d'accord, et qu'à ce rythme l'île de Giglio ne sera devenu qu'un caillou désert sans aucun attrait car tout le monde se sera lassé de vos querelles.
Il laissa Guido traduire, puis reprit.
- Vous avez tous les mêmes intérêts. Vous êtes tous interchangeables. Si l'un vous disparaît, un autre prendra ses parts, et sa place. Vous vous neutralisez, vous vous dévorez pour une place que personne ne vous accordera car si vous pouvez avoir cette place, pourquoi pas votre concurrent ? Vous n'avez plus de fonds. Les caisses se vident, je le sais.
Tranquillement il pointa du doigt les coffres qu'il avait fait apporter. C'était de la prétention, et cela risquait de les braquer contre lui, mais Rodrigue aimait vivre dangereusement.
- J'ai de l'argent. Je ne suis pas marchand, ni armateur, j'étais jusqu'à il y a quelques jours, Seigneur d'une terre sises dans les états pontificaux. Cette terre, je viens de la rendre, car Giglio deviendra ma terre. Je sais administrer, je sais juger, je sais trancher un litige. Et j'ai un avantage sur vous tous : je ne suis particulièrement lié à aucun d'entre vous. Mon seul intérêt sera Giglio. Vos intérêts sont vos affaires, ce qui est normal. Souriant largement, animé, il s'exclama alors : Ce qui est également parfait car j'ai entendu dire que vos affaires n'allaient pas bien à cause de la situation actuelle ! J'ai voyagé, je connais le Royaume de France, les États Pontificaux, le SRING… les débouchés ne manquent pas, mes idées non plus. Giglio doit devenir une place forte, incontournable de l'archipel. Vous voulez des débouchés ? Je veux pour Giglio du prestige, et vous savez que tout est lié et que si VOUS n'acceptez pas ma proposition, l'île n'aura aucune chance de se relever…. Des questions ?
Rodrigue avait parlé sans détours, sans mentir. A quoi bon ? Il voulait jouer cartes sur table. Il était une nouveauté dans leurs plans. Tous les notables se regardaient, surpris et gênés, admettant que tout ce que ce grand rouquin borgne disait était vrai. Certains affichaient une mine volontairement agressive, jurant sans même essayer de se cacher. D'autres étaient plus compréhensifs et semblaient réfléchir. Au bout d'un moment, l'un des notables prit la parole.
- Vous ne parlez pas notre langue…
- Je la parle assez pour comprendre cette phrase sans passer par mon interprète, répondit Rodrigue dans un italien teinté d'un charmant accent français. Comme je l'ai dit, j'ai administré les terres de Monteroni, je suis donc déjà familier avec l'italien. Si là est votre seule inquiétude…
Un autre jura de nouveau, disant qu'un français ne pouvait certainement pas être Marquis de Giglio. Rodrigue se contenta de sourire, calme, puis planta son regard clair mais féroce dans la direction de celui qui avait haussé la voix.
- Vous êtes tous Gigliesi. Pourtant aucun de vous n'arrive à prendre le pouvoir. Et d'après ce que j'ai pu entendre les habitants s'en vont les uns après les autres car ils ne supportent plus de voir le vide régner.
D'autres protestations se firent entendre, et rapidement ce fut tout un brouahaha qui bourdonna dans la salle. Rodrigue lui se tenait silencieux, les observant, savourant son début de victoire. Certains semblaient déjà prendre son parti, préférant encore voir un français à la tête de l'île, plutôt que l'un des notables. Les injures fusèrent, on réglait ses comptes sans aucun complexe. La dignité de ces hommes était déjà partie bien loin, préférant s'attaquer entre eux plutôt qu'à celui qui avait porté de lourdes accusations durant son discours. Il gagnait. Ils se faisaient déjà à l'idée qu'il était au-dessus d'eux, bien plus fort, recueillant déjà le soutien d'une partie de leurs pairs et tel un jeu de domino, tous, ou presque, finiraient par se rallier à sa cause.
Parmi tous les hommes, un seul semblait garder son calme, en pleine réflexion. Rodrigue tourna alors légèrement la tête vers Guido et lui demanda comment il s'appelait. Son nom était Fabrizio Casari. Il était l'un des plus vieux hommes de la salle, et son silence finit par s'imposer comme une voix à écouter plus particulièrement, lorsque Rodrigue s'adressa à lui en italien, tranchant l'air avec sa voix grave :
- Maître Casari, c'est bien là votre nom n'est-ce pas ? Vous êtes l'un des rares à ne pas vous être exprimé. Qu'en pensez-vous ?
Il était curieux de connaître sa réponse. Il n'était pas le seul, les notables s'étant soudainement calmés, attendant religieusement la parole de celui qui faisait presque office de sage dans cette salle, comparé aux chiens fous qui s'étripaient encore quelques secondes auparavant. Et ceux-ci ne s'étaient pas encore rendus compte qu'ils s'étaient pliés à l'ordre implicite de Rodrigue, les priant de la boucler pour entendre parler le fameux Fabrizio Casari.
Oui, il était en train de remporter la partie, il n'y avait plus aucun doute possible…
Parfaitement détendu, un sourire ironique et son œil bleu glacier se posant sur chaque tête devant lui, il commença :
- Messieurs, je vous remercie de m'accorder cet entretien, que j'espère fructueux. Je ne ferai pas l'état de la situation ici, vous la connaissez parfaitement. Moi aussi. Nous sommes donc tous d'accords pour constater que vous n'avez pas su vous mettre... d'accord, et qu'à ce rythme l'île de Giglio ne sera devenu qu'un caillou désert sans aucun attrait car tout le monde se sera lassé de vos querelles.
Il laissa Guido traduire, puis reprit.
- Vous avez tous les mêmes intérêts. Vous êtes tous interchangeables. Si l'un vous disparaît, un autre prendra ses parts, et sa place. Vous vous neutralisez, vous vous dévorez pour une place que personne ne vous accordera car si vous pouvez avoir cette place, pourquoi pas votre concurrent ? Vous n'avez plus de fonds. Les caisses se vident, je le sais.
Tranquillement il pointa du doigt les coffres qu'il avait fait apporter. C'était de la prétention, et cela risquait de les braquer contre lui, mais Rodrigue aimait vivre dangereusement.
- J'ai de l'argent. Je ne suis pas marchand, ni armateur, j'étais jusqu'à il y a quelques jours, Seigneur d'une terre sises dans les états pontificaux. Cette terre, je viens de la rendre, car Giglio deviendra ma terre. Je sais administrer, je sais juger, je sais trancher un litige. Et j'ai un avantage sur vous tous : je ne suis particulièrement lié à aucun d'entre vous. Mon seul intérêt sera Giglio. Vos intérêts sont vos affaires, ce qui est normal. Souriant largement, animé, il s'exclama alors : Ce qui est également parfait car j'ai entendu dire que vos affaires n'allaient pas bien à cause de la situation actuelle ! J'ai voyagé, je connais le Royaume de France, les États Pontificaux, le SRING… les débouchés ne manquent pas, mes idées non plus. Giglio doit devenir une place forte, incontournable de l'archipel. Vous voulez des débouchés ? Je veux pour Giglio du prestige, et vous savez que tout est lié et que si VOUS n'acceptez pas ma proposition, l'île n'aura aucune chance de se relever…. Des questions ?
Rodrigue avait parlé sans détours, sans mentir. A quoi bon ? Il voulait jouer cartes sur table. Il était une nouveauté dans leurs plans. Tous les notables se regardaient, surpris et gênés, admettant que tout ce que ce grand rouquin borgne disait était vrai. Certains affichaient une mine volontairement agressive, jurant sans même essayer de se cacher. D'autres étaient plus compréhensifs et semblaient réfléchir. Au bout d'un moment, l'un des notables prit la parole.
- Vous ne parlez pas notre langue…
- Je la parle assez pour comprendre cette phrase sans passer par mon interprète, répondit Rodrigue dans un italien teinté d'un charmant accent français. Comme je l'ai dit, j'ai administré les terres de Monteroni, je suis donc déjà familier avec l'italien. Si là est votre seule inquiétude…
Un autre jura de nouveau, disant qu'un français ne pouvait certainement pas être Marquis de Giglio. Rodrigue se contenta de sourire, calme, puis planta son regard clair mais féroce dans la direction de celui qui avait haussé la voix.
- Vous êtes tous Gigliesi. Pourtant aucun de vous n'arrive à prendre le pouvoir. Et d'après ce que j'ai pu entendre les habitants s'en vont les uns après les autres car ils ne supportent plus de voir le vide régner.
D'autres protestations se firent entendre, et rapidement ce fut tout un brouahaha qui bourdonna dans la salle. Rodrigue lui se tenait silencieux, les observant, savourant son début de victoire. Certains semblaient déjà prendre son parti, préférant encore voir un français à la tête de l'île, plutôt que l'un des notables. Les injures fusèrent, on réglait ses comptes sans aucun complexe. La dignité de ces hommes était déjà partie bien loin, préférant s'attaquer entre eux plutôt qu'à celui qui avait porté de lourdes accusations durant son discours. Il gagnait. Ils se faisaient déjà à l'idée qu'il était au-dessus d'eux, bien plus fort, recueillant déjà le soutien d'une partie de leurs pairs et tel un jeu de domino, tous, ou presque, finiraient par se rallier à sa cause.
Parmi tous les hommes, un seul semblait garder son calme, en pleine réflexion. Rodrigue tourna alors légèrement la tête vers Guido et lui demanda comment il s'appelait. Son nom était Fabrizio Casari. Il était l'un des plus vieux hommes de la salle, et son silence finit par s'imposer comme une voix à écouter plus particulièrement, lorsque Rodrigue s'adressa à lui en italien, tranchant l'air avec sa voix grave :
- Maître Casari, c'est bien là votre nom n'est-ce pas ? Vous êtes l'un des rares à ne pas vous être exprimé. Qu'en pensez-vous ?
Il était curieux de connaître sa réponse. Il n'était pas le seul, les notables s'étant soudainement calmés, attendant religieusement la parole de celui qui faisait presque office de sage dans cette salle, comparé aux chiens fous qui s'étripaient encore quelques secondes auparavant. Et ceux-ci ne s'étaient pas encore rendus compte qu'ils s'étaient pliés à l'ordre implicite de Rodrigue, les priant de la boucler pour entendre parler le fameux Fabrizio Casari.
Oui, il était en train de remporter la partie, il n'y avait plus aucun doute possible…
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Re: Prise de pouvoir.
Les journées qui s'étaient écoulées depuis sa rencontre avec Guido Bariani avaient paru bien longues à Fabrizio Casari. Au point que, parfois, il se demandait même si le jeune homme ne s'était tout simplement pas moqué de lui. Les jours s'étaient succédé et rien à l'horizon. Pendant ce temps la situation politique de l'île empirait toujours, et la faillite n'avait jamais été si proche pour bon nombre de maisons. Mais un jour, alors qu'il s'installait à sa place dans la salle où se réunissaient les notables pour s'étriper joyeusement, il aperçut le bon Guido, la mine sérieuse, mais prêt à intervenir. Les choses sérieuses allaient commencer.
Quand le fameux inconnu mais néanmoins prétendant au trône de Giglio apparut dans la salle, Fabrizio fut légèrement surpris. Guido avait bien dressé un portrait de son maître à Lucia, afin de capter son intérêt, mais le portrait avait beau être fidèle, il était pourtant loin du compte. Ainsi cet homme avait vingt ans ? Il en paraissait un peu plus et sa carrure de géant en imposait dans la salle. Malgré son cache-œil, Rodrigue de Liancy avait un profil racé et seul son sourire apparaissait comme juvénile. Son œil valide était à la fois charmeur et inquiétant. Il en fallait bien plus pour impressionner Fabrizio, mais nul doute que sa fille allait tomber sous le charme de ce garçon au physique atypique. Son attitude était nonchalante et sa façon de s'exprimer ne manquait pas d'arrogance. Il usait de la langue italienne avec un accent, mais il était évident qu'il faisait un effort pour apprendre couramment la langue. Le Casari comprenait les grognements qui s'élevaient dans l'assistance, l'irritation que provoquait, chez certains, ce jeune français qui débarquait avec son argent et son culot, tout en étant dénué de cette hypocrisie qui pesait dans l'atmosphère des négociations entre notables jusqu'alors.
Ses collègues et néanmoins ennemis s'agitaient, mais Fabrizio resta impassible. Il méditait. Le discours de Rodrigue de Liancy était de bon sens. De plus, il inspirait une certaine confiance au marchand. Il ne s'énervait pas, il restait calme, avait exposé son plan en toute simplicité, sans craindre la colère de son auditoire. Tout le monde aurait pu tenir son discours, mais rare auraient été ceux à le prononcer avec tant de sérénité. Alors quand le rouquin lui demanda son avis, Fabrizio toussota pour éclaircir sa voix caverneuse :
- En toute sincérité, je dirais que vous êtes plein de prétention, et que si vous aviez été mon fils je vous aurais collé une baffe qui aurait donné bien des couleurs à votre teint pâle.
Des rires fusèrent, les plus hostiles approuvaient ce que disaient le Casari. Ils déchantèrent vite.
- Mais c'est parce que vous dites la vérité. Vous tenez un discours que nous n'avons pas été capables de tenir, vous mettez les mots sur ce que nous savons tous mais dont nous ne voulons pas parler, comme par superstition.
Le massif Benito Guantieri se mit alors à protester en entendant Casari se rallier à la cause de l'étranger. Les yeux sombres de Fabrizio le foudroyèrent alors :
- Guantieri ! Tu ferais mieux de te taire. Dois-je te rappeler ta situation ? Que si rien ne change, d'ici moins d'un mois, et c'est faire preuve d'optimisme, toi et ta famille serez à la rue, au pain et à l'eau ? La semaine dernière c'est Rossi qui a fait faillite, la semaine prochaine ce sera peut-être toi. Parlons franchement ! En temps normal nous serions tous satisfaits de voir l'un de nous faire faillite car la concurrence serait moindre. Mais nous sommes tous en danger et cela ne peut plus durer.
Il tourna enfin la tête vers Rodrigue, au bout de la tablée.
- Cette solution n'est pas la meilleure, car il n'y en a aucune de bonne. Mais c'est la seule qui peut nous sortir la tête de l'eau. Et de toute façon, la situation ne sera pas pire que maintenant.
Le silence régnait dans la pièce. Puis un marchand haussa la voix, un second l'apostropha, et un brouahaha généralisé suivit. D'autres se levaient pour venir se placer à côté de Fabrizio Casari en signe de soutien. A force de discussions, la majorité des hommes présents dans la salle se trouvait du côté du Casari, et par extension, de celui de Rodrigue de Liancy qui allait logiquement pouvoir porter le titre de Marquis de Giglio.
Quand le fameux inconnu mais néanmoins prétendant au trône de Giglio apparut dans la salle, Fabrizio fut légèrement surpris. Guido avait bien dressé un portrait de son maître à Lucia, afin de capter son intérêt, mais le portrait avait beau être fidèle, il était pourtant loin du compte. Ainsi cet homme avait vingt ans ? Il en paraissait un peu plus et sa carrure de géant en imposait dans la salle. Malgré son cache-œil, Rodrigue de Liancy avait un profil racé et seul son sourire apparaissait comme juvénile. Son œil valide était à la fois charmeur et inquiétant. Il en fallait bien plus pour impressionner Fabrizio, mais nul doute que sa fille allait tomber sous le charme de ce garçon au physique atypique. Son attitude était nonchalante et sa façon de s'exprimer ne manquait pas d'arrogance. Il usait de la langue italienne avec un accent, mais il était évident qu'il faisait un effort pour apprendre couramment la langue. Le Casari comprenait les grognements qui s'élevaient dans l'assistance, l'irritation que provoquait, chez certains, ce jeune français qui débarquait avec son argent et son culot, tout en étant dénué de cette hypocrisie qui pesait dans l'atmosphère des négociations entre notables jusqu'alors.
Ses collègues et néanmoins ennemis s'agitaient, mais Fabrizio resta impassible. Il méditait. Le discours de Rodrigue de Liancy était de bon sens. De plus, il inspirait une certaine confiance au marchand. Il ne s'énervait pas, il restait calme, avait exposé son plan en toute simplicité, sans craindre la colère de son auditoire. Tout le monde aurait pu tenir son discours, mais rare auraient été ceux à le prononcer avec tant de sérénité. Alors quand le rouquin lui demanda son avis, Fabrizio toussota pour éclaircir sa voix caverneuse :
- En toute sincérité, je dirais que vous êtes plein de prétention, et que si vous aviez été mon fils je vous aurais collé une baffe qui aurait donné bien des couleurs à votre teint pâle.
Des rires fusèrent, les plus hostiles approuvaient ce que disaient le Casari. Ils déchantèrent vite.
- Mais c'est parce que vous dites la vérité. Vous tenez un discours que nous n'avons pas été capables de tenir, vous mettez les mots sur ce que nous savons tous mais dont nous ne voulons pas parler, comme par superstition.
Le massif Benito Guantieri se mit alors à protester en entendant Casari se rallier à la cause de l'étranger. Les yeux sombres de Fabrizio le foudroyèrent alors :
- Guantieri ! Tu ferais mieux de te taire. Dois-je te rappeler ta situation ? Que si rien ne change, d'ici moins d'un mois, et c'est faire preuve d'optimisme, toi et ta famille serez à la rue, au pain et à l'eau ? La semaine dernière c'est Rossi qui a fait faillite, la semaine prochaine ce sera peut-être toi. Parlons franchement ! En temps normal nous serions tous satisfaits de voir l'un de nous faire faillite car la concurrence serait moindre. Mais nous sommes tous en danger et cela ne peut plus durer.
Il tourna enfin la tête vers Rodrigue, au bout de la tablée.
- Cette solution n'est pas la meilleure, car il n'y en a aucune de bonne. Mais c'est la seule qui peut nous sortir la tête de l'eau. Et de toute façon, la situation ne sera pas pire que maintenant.
Le silence régnait dans la pièce. Puis un marchand haussa la voix, un second l'apostropha, et un brouahaha généralisé suivit. D'autres se levaient pour venir se placer à côté de Fabrizio Casari en signe de soutien. A force de discussions, la majorité des hommes présents dans la salle se trouvait du côté du Casari, et par extension, de celui de Rodrigue de Liancy qui allait logiquement pouvoir porter le titre de Marquis de Giglio.
Fabrizio Casari- Messages : 4
Date d'inscription : 02/04/2016
Re: Prise de pouvoir.
Enfin, il était devenu le Marquis de Giglio. Après de longues tractations, et une autre période de quelques jours pour préparer l'officialisation de la chose, Rodrigue de Liancy avait enfin pu arborer la couronne de Marquis sur sa chevelure rousse. La cérémonie avait été simple, tout le monde voulant en finir le plus vite possible. Trop de temps avait été perdu, surtout du côté des marchands qui devaient à présent se concentrer sur leurs affaires, maintenant que la situation était enfin stabilisée sur l'île.
De son tout nouveau bureau, Rodrigue triait les dossiers en souffrance. Des plus pressés à ceux qui pouvaient bien attendre encore quelques jours. Le travail ne manquait pas et cela lui demanderait encore beaucoup de jours avant de tout régler. Il devait s'acclimater à tout. Au château, au personnel du château, aux us et coutumes de l'île, aux personnes qui depuis le matin venaient sans cesse lui rendre visite pour lui rendre hommage ou simplement voir sa tête. Le Liancy n'avait pas dormi depuis la veille. Sa chambre était merveilleuse, spacieuse, avec vue sur la mer. L'un des intendants avait même pris l'initiative de changer le lit afin que le nouveau Marquis évitât de dormir là où le précédent avait trépassé. Mais son enthousiasme était tel, qu'au lieu d'y dormir, il avait préféré passer sa nuit à se balader dans les couloirs vides du château, bougie en main, afin de découvrir toutes les pièces. Trois étages étaient dédiées aux chambres, jadis occupées par des Gigliesi de haut-rang et qui avaient obtenu le droit de se faire bien voir en séjournant auprès du Marquis. Rodrigue ne savait pas encore s'il allait reconstituer cette sorte de cour, il trouvait charmant tous ces corridors vides, symbolisant une tranquillité qu'il n'allait plus avoir en raison de son titre de Marquis. Le troisième étage lui appartenait totalement. Il y avait sa suite, son bureau, de nombreuses pièces où il pouvait recevoir discrètement du monde, une bibliothèque privative complétant l'une des bibliothèques des étages inférieurs, une salle d'eau et plein d'autres pièces qui faisaient de lui l'homme le plus heureux de l'île.
Tout s'était passé comme il l'avait prédit. Mais il avait manqué tellement de temps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'écrire à Rozenn pour la prévenir de son succès. Il avait aussi l'intention d'écrire à Arambour, ne serait-ce que pour avoir de ses nouvelles. Sa liste de choses à faire était gigantesque, mais il était d'excellente humeur. Il était bien loin le temps où il se morfondait dans son ennui à Mont-de-Marsan. Ici, il était incontournable, et il avait remarqué que les plus récalcitrants à son arrivée étaient déjà en train de changer leur fusil d'épaule.
Il continuait à classer les parchemins quand on toqua brièvement à la porte. Guido entra, signalant l'arrivée de Fabrizio Casari et de sa fille Lucia pour une visite de courtoisie. Le jeune homme aurait pu pester, se dire que cela allait encore retarder le traitement de ses dossiers, mais il n'en fit rien. Ce bureau était le sien notamment grâce au Casari, il était donc tout à fait normal de le recevoir. Rodrigue se leva aussitôt et quitta le bureau pour les rejoindre dans un salon du rez-de-chaussée. Sur le chemin il avait donné ordre à Guido de faire parvenir du vin et de quoi manger si les visiteurs le souhaitaient. Arrivé au salon, il salua Fabrizio Casari d'une franche poignée de main et sa fille d'un élégant baise-main. Il ne l'avait jamais vue, mais il découvrait une jeune femme resplendissante. Lucia Casari n'était pourtant pas son genre de femme à première vue. Brune, assez grande, fardée, elle manquait de naturel à son goût. Ses yeux sombres étaient similaires à ceux de son père, tandis que ses lèvres rouges finissaient de donner du caractère au visage de cette jeune femme qui ne devait pas en manquer.
D'un geste il les convia à prendre place sur les fauteuils. Un domestique entra, plateau à la main, et déposa les verres qu'il remplit aussitôt d'un vin local. Le Liancy avait fait mettre à l'écart les quelques bouteilles françaises qui séjournaient à la cave, afin de ne pas froisser ceux qui lui rendaient visite et qui pouvaient encore penser qu'il était un envoyé du Royaume de France. Une petite collation fut également déposée devant eux.
Rodrigue appris que Fabrizio Casari parlait couramment français, pourtant, par politesse, il commença en italien. Il s'améliorait de jour en jour dans la pratique de cette langue et il ne lui faudrait pas beaucoup de semaines pour pouvoir parler couramment l'italien.
- Je vous remercie de votre visite. J'avais de toute façon l'intention de vous convier, mais depuis hier je n'ai pas trouvé le temps de charger Guido de le faire. Je voulais vous remercier pour avoir pris mon parti et facilité les négociations…
- J'ai entendu dire que vous aviez trouvé de quoi sauver Guantieri…
- De quoi le sauver ? Non, mais de quoi retarder sa faillite, oui. Un de mes contacts sur le continent était intéressé par du vin de Giglio et Guantieri avait les capacités de lui en faire parvenir une quantité raisonnable. Depuis il me mange dans la main. Mais j'espère qu'il ne s'attend pas à ce que je le sauve à chaque fois.
- Je ne le souhaite pas non plus. Intervenez le moins possible. Faites juste ce qui est utile. Guantieri est un idiot, nous ne sommes pas tous comme lui.
Rodrigue acquiesça. Il avait vite compris que Guantieri n'était pas le plus avisé des marchands et qu'un autre métier, lui aurait sûrement mieux convenu. Conscient que cette conversation ne devait pas intéresser Lucia, Rodrigue enserra son verre dans sa grande main, but une gorgée de vin et se mit à la scruter durant quelques secondes.
- Appréciez-vous les bals mademoiselle ? J'ai cru comprendre que cela faisait une éternité qu'il n'y en avait pas eu ici, à Giglio. Malheureusement je n'ai que trop peu de temps actuellement pour en organiser un. Que diriez-vous si je vous chargeais d'en préparer un ? Vous pourriez convier la bonne société de Giglio et ce serait l'occasion pour moi de mieux faire sa connaissance.
Le Liancy sourit largement, attentif à la réponse de la jeune femme. Elle devait être légèrement plus jeune que lui, mais pas de beaucoup. En réalité les bals le laissaient de marbre, mais il savait que pour plaire au plus grand nombre, il devait passer par ce genre de petites fêtes qui ne mangeaient pas de pain. Et si jamais il voulait à nouveau reloger du monde dans les chambres du château, il devait bien essayer de savoir qui était digne d'y séjourner.
De son tout nouveau bureau, Rodrigue triait les dossiers en souffrance. Des plus pressés à ceux qui pouvaient bien attendre encore quelques jours. Le travail ne manquait pas et cela lui demanderait encore beaucoup de jours avant de tout régler. Il devait s'acclimater à tout. Au château, au personnel du château, aux us et coutumes de l'île, aux personnes qui depuis le matin venaient sans cesse lui rendre visite pour lui rendre hommage ou simplement voir sa tête. Le Liancy n'avait pas dormi depuis la veille. Sa chambre était merveilleuse, spacieuse, avec vue sur la mer. L'un des intendants avait même pris l'initiative de changer le lit afin que le nouveau Marquis évitât de dormir là où le précédent avait trépassé. Mais son enthousiasme était tel, qu'au lieu d'y dormir, il avait préféré passer sa nuit à se balader dans les couloirs vides du château, bougie en main, afin de découvrir toutes les pièces. Trois étages étaient dédiées aux chambres, jadis occupées par des Gigliesi de haut-rang et qui avaient obtenu le droit de se faire bien voir en séjournant auprès du Marquis. Rodrigue ne savait pas encore s'il allait reconstituer cette sorte de cour, il trouvait charmant tous ces corridors vides, symbolisant une tranquillité qu'il n'allait plus avoir en raison de son titre de Marquis. Le troisième étage lui appartenait totalement. Il y avait sa suite, son bureau, de nombreuses pièces où il pouvait recevoir discrètement du monde, une bibliothèque privative complétant l'une des bibliothèques des étages inférieurs, une salle d'eau et plein d'autres pièces qui faisaient de lui l'homme le plus heureux de l'île.
Tout s'était passé comme il l'avait prédit. Mais il avait manqué tellement de temps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'écrire à Rozenn pour la prévenir de son succès. Il avait aussi l'intention d'écrire à Arambour, ne serait-ce que pour avoir de ses nouvelles. Sa liste de choses à faire était gigantesque, mais il était d'excellente humeur. Il était bien loin le temps où il se morfondait dans son ennui à Mont-de-Marsan. Ici, il était incontournable, et il avait remarqué que les plus récalcitrants à son arrivée étaient déjà en train de changer leur fusil d'épaule.
Il continuait à classer les parchemins quand on toqua brièvement à la porte. Guido entra, signalant l'arrivée de Fabrizio Casari et de sa fille Lucia pour une visite de courtoisie. Le jeune homme aurait pu pester, se dire que cela allait encore retarder le traitement de ses dossiers, mais il n'en fit rien. Ce bureau était le sien notamment grâce au Casari, il était donc tout à fait normal de le recevoir. Rodrigue se leva aussitôt et quitta le bureau pour les rejoindre dans un salon du rez-de-chaussée. Sur le chemin il avait donné ordre à Guido de faire parvenir du vin et de quoi manger si les visiteurs le souhaitaient. Arrivé au salon, il salua Fabrizio Casari d'une franche poignée de main et sa fille d'un élégant baise-main. Il ne l'avait jamais vue, mais il découvrait une jeune femme resplendissante. Lucia Casari n'était pourtant pas son genre de femme à première vue. Brune, assez grande, fardée, elle manquait de naturel à son goût. Ses yeux sombres étaient similaires à ceux de son père, tandis que ses lèvres rouges finissaient de donner du caractère au visage de cette jeune femme qui ne devait pas en manquer.
D'un geste il les convia à prendre place sur les fauteuils. Un domestique entra, plateau à la main, et déposa les verres qu'il remplit aussitôt d'un vin local. Le Liancy avait fait mettre à l'écart les quelques bouteilles françaises qui séjournaient à la cave, afin de ne pas froisser ceux qui lui rendaient visite et qui pouvaient encore penser qu'il était un envoyé du Royaume de France. Une petite collation fut également déposée devant eux.
Rodrigue appris que Fabrizio Casari parlait couramment français, pourtant, par politesse, il commença en italien. Il s'améliorait de jour en jour dans la pratique de cette langue et il ne lui faudrait pas beaucoup de semaines pour pouvoir parler couramment l'italien.
- Je vous remercie de votre visite. J'avais de toute façon l'intention de vous convier, mais depuis hier je n'ai pas trouvé le temps de charger Guido de le faire. Je voulais vous remercier pour avoir pris mon parti et facilité les négociations…
- J'ai entendu dire que vous aviez trouvé de quoi sauver Guantieri…
- De quoi le sauver ? Non, mais de quoi retarder sa faillite, oui. Un de mes contacts sur le continent était intéressé par du vin de Giglio et Guantieri avait les capacités de lui en faire parvenir une quantité raisonnable. Depuis il me mange dans la main. Mais j'espère qu'il ne s'attend pas à ce que je le sauve à chaque fois.
- Je ne le souhaite pas non plus. Intervenez le moins possible. Faites juste ce qui est utile. Guantieri est un idiot, nous ne sommes pas tous comme lui.
Rodrigue acquiesça. Il avait vite compris que Guantieri n'était pas le plus avisé des marchands et qu'un autre métier, lui aurait sûrement mieux convenu. Conscient que cette conversation ne devait pas intéresser Lucia, Rodrigue enserra son verre dans sa grande main, but une gorgée de vin et se mit à la scruter durant quelques secondes.
- Appréciez-vous les bals mademoiselle ? J'ai cru comprendre que cela faisait une éternité qu'il n'y en avait pas eu ici, à Giglio. Malheureusement je n'ai que trop peu de temps actuellement pour en organiser un. Que diriez-vous si je vous chargeais d'en préparer un ? Vous pourriez convier la bonne société de Giglio et ce serait l'occasion pour moi de mieux faire sa connaissance.
Le Liancy sourit largement, attentif à la réponse de la jeune femme. Elle devait être légèrement plus jeune que lui, mais pas de beaucoup. En réalité les bals le laissaient de marbre, mais il savait que pour plaire au plus grand nombre, il devait passer par ce genre de petites fêtes qui ne mangeaient pas de pain. Et si jamais il voulait à nouveau reloger du monde dans les chambres du château, il devait bien essayer de savoir qui était digne d'y séjourner.
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Re: Prise de pouvoir.
Elle allait ENFIN pouvoir le voir, celui qu'elle devrait charmer pour devenir la nouvelle marquise de Giglio. Depuis le jour où son père lui avait annoncé que les négociations avec les autres abrutis de l'île avaient débouchées sur ce qu'ils espéraient, elle ne dormait presque plus. Elle se forçait à fermer l'oeil pour ne pas avoir l'air défraîchi, mais guère plus. Elle passait des heures à essayer, essayer et réessayer ses robes, tentant même des assemblages farfelus, ne connaissant pas les goûts en matière de mode chez les françaises. Elle s'était finalement décidée pour une tenue typiquement italienne. Après tout, si le nouveau marquis n'aimait pas les italiennes, il serait bien embarrassé... Afin de mettre toutes les chances de son côté pour ce premier rendez-vous, bien que non galant puisque son père serait de la partie, elle mit les bouchées doubles au niveau de la coiffure et du maquillage. Ne dit-on pas que la première impression est celle que l'on retient le plus aisément ? Elle devait donc être par-faite.
Arrivés devant la porte principale du château, la jeune femme se sentit presque défaillir alors qu'elle n'était même pas encore entré. Ce fut pire encore lorsqu'on vint leur ouvrir pour les inviter à entrer, que le Marquis allait les recevoir au salon. Elle patienta quelques minutes qui lui parurent des heures, eut une fausse joie en apercevant Guido qui venait simplement leur demander s'ils souhaitaient boire quelque chose, et ce fut enfin la délivrance. Elle vit apparaître dans l'embrasure de la porte un charmant jeune homme correspondant assez bien à la description sommaire qu'avait pu lui faire Guido. A ceci près qu'il n'avait pas mentionné qu'il lui manquait un oeil... D'abord légèrement surprise, elle fut finalement satisfaite. Cela lui donnait encore plus de charisme, voire même une sorte d’inaccessibilité qui ne manquait pas de la ravir. Ce ne serait que plus gratifiant pour elle lorsqu'elle aura réussit à le séduire.
Elle reçut le baise-main avec une excitation feinte, pour ne pas passer pour une enfant qui obtenait enfin le jouet qu'elle convoitait, et se contenta donc d'un aimable sourire courtois et d'une petite courbette de circonstance. Elle s'installa dès qu'elle le put et, bien que les petits amuses-gueules qu'elle avait sous le nez l'intéressaient grandement, n'y toucha pas et écouta simplement la conversation entre son père et le marquis. Déjà, les remarques fusaient dans son esprit : "quel charmant accent italien !", "je pourrais l'aider à s'améliorer !", "il pourra m'aider à me perfectionner !", "ai-je un tel accent lorsque je parle français ?", "...".
Elle fut cependant tirée de ses rêveries par un "appréciez-vous les bals mademoiselle ?". Elle papillonna niaisement des cils le temps que l'information ne soit traduite dans son cerveau, et elle réussit de justesse à contenir un cri hystérique, montrant qu'effectivement, elle appréciait grandement les bals, et qu'elle appréciait d'autant plus les organiser ; ce qu'il venait tout justement de lui proposer. Elle sourit largement, se laissant encore quelques secondes de réflexion concernant la réponse qu'elle allait lui faire. Sans ciller, avec un aplomb digne de la Casari qu'elle était, elle s'arma de ses connaissances de la langue du Marquis, espérant ainsi l'impressionner :
-Je seras ravie de organiser une bal ! Je a très... No... beaucoup ! Si... beaucoup du temps pour organiser cela. Pour quand la date ? Bientôt ? Il faut le hum... Pause. Quel était le mot déjà ? Si, la buffet ? La cuisine dans Giglio est très bonne ! Non è vero papà mio ?
Arrivés devant la porte principale du château, la jeune femme se sentit presque défaillir alors qu'elle n'était même pas encore entré. Ce fut pire encore lorsqu'on vint leur ouvrir pour les inviter à entrer, que le Marquis allait les recevoir au salon. Elle patienta quelques minutes qui lui parurent des heures, eut une fausse joie en apercevant Guido qui venait simplement leur demander s'ils souhaitaient boire quelque chose, et ce fut enfin la délivrance. Elle vit apparaître dans l'embrasure de la porte un charmant jeune homme correspondant assez bien à la description sommaire qu'avait pu lui faire Guido. A ceci près qu'il n'avait pas mentionné qu'il lui manquait un oeil... D'abord légèrement surprise, elle fut finalement satisfaite. Cela lui donnait encore plus de charisme, voire même une sorte d’inaccessibilité qui ne manquait pas de la ravir. Ce ne serait que plus gratifiant pour elle lorsqu'elle aura réussit à le séduire.
Elle reçut le baise-main avec une excitation feinte, pour ne pas passer pour une enfant qui obtenait enfin le jouet qu'elle convoitait, et se contenta donc d'un aimable sourire courtois et d'une petite courbette de circonstance. Elle s'installa dès qu'elle le put et, bien que les petits amuses-gueules qu'elle avait sous le nez l'intéressaient grandement, n'y toucha pas et écouta simplement la conversation entre son père et le marquis. Déjà, les remarques fusaient dans son esprit : "quel charmant accent italien !", "je pourrais l'aider à s'améliorer !", "il pourra m'aider à me perfectionner !", "ai-je un tel accent lorsque je parle français ?", "...".
Elle fut cependant tirée de ses rêveries par un "appréciez-vous les bals mademoiselle ?". Elle papillonna niaisement des cils le temps que l'information ne soit traduite dans son cerveau, et elle réussit de justesse à contenir un cri hystérique, montrant qu'effectivement, elle appréciait grandement les bals, et qu'elle appréciait d'autant plus les organiser ; ce qu'il venait tout justement de lui proposer. Elle sourit largement, se laissant encore quelques secondes de réflexion concernant la réponse qu'elle allait lui faire. Sans ciller, avec un aplomb digne de la Casari qu'elle était, elle s'arma de ses connaissances de la langue du Marquis, espérant ainsi l'impressionner :
-Je seras ravie de organiser une bal ! Je a très... No... beaucoup ! Si... beaucoup du temps pour organiser cela. Pour quand la date ? Bientôt ? Il faut le hum... Pause. Quel était le mot déjà ? Si, la buffet ? La cuisine dans Giglio est très bonne ! Non è vero papà mio ?
Lucia de Liancy- Bomba latina ✝
- Messages : 36
Date d'inscription : 02/04/2016
Re: Prise de pouvoir.
Sa proposition avait fait mouche. Les bals intéressaient toujours les jeunes femmes. Bon, peut-être pas toutes, mais celles qui se présentaient apprêtées et ravissantes, donnant vraisemblablement beaucoup d'importance à leur apparence, elles, adoraient les bals. Il suffisait de lire dans le regard de Lucia pour s'en apercevoir. Il l'avait d'abord considérée comme superficielle, mais elle était charmante lorsqu'elle souriait. Encore plus lorsqu'elle tenta de répondre en français. Elle manquait encore de pratique, mais le Liancy ne pouvait la blâmer, ayant lui-même encore du travail dans l'apprentissage de l'italien. On le comprenait, mais il faisait encore des fautes, tout était encore à parfaire. La jolie Casari lui avait fait plaisir en parlant sa langue, il la parlait de moins en moins car il n'avait personne avec qui converser en français, hormis Guido. Mais même ce dernier avait sciemment commencé à abandonner la pratique du français pour forcer son maître à mieux maîtriser l'italien. Les mots français étaient prononcés avec un accent italien si charmant, que Rodrigue adressa à Lucia un grand sourire avant de lui répondre dans sa langue maternelle :
- Je suis ravi que vous acceptiez. Puis il reprit en italien : Pour la date, j'aurais aimé qu'elle ne survienne pas trop tard. Je sais qu'il faut du temps pour organiser ce genre d'événements, mais je pense que nous devrions tout de même nous dépêcher. Depuis hier, toutes les épouses des notables que j'ai rencontrés m'ont demandé quand je comptais organiser un bal. Il y a déjà beaucoup d'attente, ne les décevons pas.
Le Marquis de Giglio savait qu'il avait fait quelques fautes tout en s'exprimant. Il cherchait encore ses mots, se trompait dans les temps, mais d'un point de vue vocabulaire, il se débrouillait plutôt bien. Néanmoins, il prit le temps de la réflexion. Il venait de demander à Lucia de faire un magnifique bal, mais en lui accordant peu de temps. Cela pouvait paraître impoli, voire légèrement tyrannique, aussi il se demandait comment l'aider dans sa tâche. Le bal ne pouvait pas être un échec. Il devait être splendide afin de ne pas donner une mauvaise image de lui, ni humilier la pauvre Casari qui allait se donner tant de mal pour le préparer.
Il songea alors à toutes les chambres du château. Inoccupées, prenant la poussière, obligeant les domestiques à les ouvrir pour que l'air s'y engouffre afin qu'elles ne sentent pas le renfermé si jamais on devait y loger un invité prestigieux en urgence. Rodrigue savait que la maison Casari était dans un autre hameau de l'île et que si Lucia devait venir chaque jour au château pour les préparatifs, elle finirait assurément par se lasser et rendre son tablier. Il hésita pourtant quelques secondes avant de faire part de son idée aux Casari. Il ne voulait pas paraître inconvenant, mais après mûre réflexion, il considéra finalement que cette idée allait de soi.
- Je vous laisserai faire une première estimation du coût du bal et je vous attribuerai un budget en conséquences. Bien évidemment vous devrez me tenir au courant de l'avancement des préparatifs, des dépenses imprévues, des problèmes qui peuvent survenir… Enfin, pour que cela soit plus pratique pour vous, je vous propose de séjourner au château.
Rodrigue sourit. Une présence féminine dans le château, voilà qui allait grandement changer les domestiques qui ne croisaient maintenant que Rodrigue et Guido. Le rouquin lui-même avait dû mal à se dire que peut-être, au détour d'une promenade nocturne dans les couloirs, il croiserait peut-être la Casari. Il la saluerait d'un aimable signe de tête, échangerait quelques mots avec elle, et ils repartiraient chacun de leur côté, tout naturellement. A Monteroni il n'avait jamais reçu d'invités et il se demandait combien de temps il allait mettre pour s'habituer à croiser des personnes qui logeaient dans le château alors qu'il ne les connaissait presque pas. Car après le bal, d'autres chambres allaient sûrement accueillir des invités, choisis parce qu'ils étaient fils ou fille de, ou tout simplement parce qu'ils étaient prestigieux et méritaient donc de vivre au plus près du Marquis de Giglio.
Le Liancy se passa la main dans les cheveux. Il n'avait toujours pas perdu ce réflexe, bien au contraire depuis qu'il avait laissé sa chevelure un peu plus longue qu'auparavant. Il regardait le père et la fille. Ils n'allaient sûrement plus tarder à partir.
- Si vous acceptez de vivre au château, venez quand vous le souhaitez. Il vous faudra seulement prévenir de votre arrivée afin qu'une chambre vous soit préparée. Pour le reste, à savoir comment fonctionne le château, nous en reparlerons le temps voulu.
- Je suis ravi que vous acceptiez. Puis il reprit en italien : Pour la date, j'aurais aimé qu'elle ne survienne pas trop tard. Je sais qu'il faut du temps pour organiser ce genre d'événements, mais je pense que nous devrions tout de même nous dépêcher. Depuis hier, toutes les épouses des notables que j'ai rencontrés m'ont demandé quand je comptais organiser un bal. Il y a déjà beaucoup d'attente, ne les décevons pas.
Le Marquis de Giglio savait qu'il avait fait quelques fautes tout en s'exprimant. Il cherchait encore ses mots, se trompait dans les temps, mais d'un point de vue vocabulaire, il se débrouillait plutôt bien. Néanmoins, il prit le temps de la réflexion. Il venait de demander à Lucia de faire un magnifique bal, mais en lui accordant peu de temps. Cela pouvait paraître impoli, voire légèrement tyrannique, aussi il se demandait comment l'aider dans sa tâche. Le bal ne pouvait pas être un échec. Il devait être splendide afin de ne pas donner une mauvaise image de lui, ni humilier la pauvre Casari qui allait se donner tant de mal pour le préparer.
Il songea alors à toutes les chambres du château. Inoccupées, prenant la poussière, obligeant les domestiques à les ouvrir pour que l'air s'y engouffre afin qu'elles ne sentent pas le renfermé si jamais on devait y loger un invité prestigieux en urgence. Rodrigue savait que la maison Casari était dans un autre hameau de l'île et que si Lucia devait venir chaque jour au château pour les préparatifs, elle finirait assurément par se lasser et rendre son tablier. Il hésita pourtant quelques secondes avant de faire part de son idée aux Casari. Il ne voulait pas paraître inconvenant, mais après mûre réflexion, il considéra finalement que cette idée allait de soi.
- Je vous laisserai faire une première estimation du coût du bal et je vous attribuerai un budget en conséquences. Bien évidemment vous devrez me tenir au courant de l'avancement des préparatifs, des dépenses imprévues, des problèmes qui peuvent survenir… Enfin, pour que cela soit plus pratique pour vous, je vous propose de séjourner au château.
Rodrigue sourit. Une présence féminine dans le château, voilà qui allait grandement changer les domestiques qui ne croisaient maintenant que Rodrigue et Guido. Le rouquin lui-même avait dû mal à se dire que peut-être, au détour d'une promenade nocturne dans les couloirs, il croiserait peut-être la Casari. Il la saluerait d'un aimable signe de tête, échangerait quelques mots avec elle, et ils repartiraient chacun de leur côté, tout naturellement. A Monteroni il n'avait jamais reçu d'invités et il se demandait combien de temps il allait mettre pour s'habituer à croiser des personnes qui logeaient dans le château alors qu'il ne les connaissait presque pas. Car après le bal, d'autres chambres allaient sûrement accueillir des invités, choisis parce qu'ils étaient fils ou fille de, ou tout simplement parce qu'ils étaient prestigieux et méritaient donc de vivre au plus près du Marquis de Giglio.
Le Liancy se passa la main dans les cheveux. Il n'avait toujours pas perdu ce réflexe, bien au contraire depuis qu'il avait laissé sa chevelure un peu plus longue qu'auparavant. Il regardait le père et la fille. Ils n'allaient sûrement plus tarder à partir.
- Si vous acceptez de vivre au château, venez quand vous le souhaitez. Il vous faudra seulement prévenir de votre arrivée afin qu'une chambre vous soit préparée. Pour le reste, à savoir comment fonctionne le château, nous en reparlerons le temps voulu.
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Re: Prise de pouvoir.
Avec une attention toute particulière et un léger sourire sur le bout des lèvres à cause de l'accent de son interlocuteur, la jeune femme se rendit compte qu'il n'avait pas répondu à toutes les questions qu'elle avait posées. N'osant guère redemander si elle devait commander un buffet, ne sachant pas si l'erreur venait de son français douteux ou du fait que le marquis n'avait tout simplement pas écouté, elle se tut et se contenta de sourire niaisement en penchant la tête de côté. Intelligente, mais elle savait parfaitement faire la potiche de coin de salon. Elle nota cependant que le bal devait avoir lieu le plus rapidement possible, et qu'elle disposait donc de très peu de temps pour faire quelque chose de parfait avec tout le gratin de l'île. Ce qui serait relativement vite fait, Giglio n'étant pas le coin le plus peuplé du Saint Empire...
Plus que satisfaite du sort que Rodrigue lui réservait, puisqu'en plus de lui proposer d'organiser un bal, il l'invitait à loger au château le temps de l'organisation, la jeune femme se redressa en se penchant légèrement en avant avant de prononcer quelques mots, en italien cette fois :
-Je ne puis que vous remercier de votre offre Votre Magnificence. Je saurais me montrer digne de la confiance que vous m'accordez. Ainsi, permettez que nous nous retirions afin que je puisse entamer les préparatifs de ce bal impérieux.
Quelques mondanités plus tard, les Casari quittèrent le château. Dès qu'ils furent suffisamment éloignés, elle jeta un regard conquérant à son père, comme si l'affaire de leur mariage était déjà ficelée. Elle déposa ensuite un délicat baiser sur la joue de Fabrizio avant de lui indiquer qu'elle partait au marché, en quête d'idées pour le bal grandiose qu'elle avait à organiser. Armée d'un sourire en coin du plus bel effet, elle fit un dernier au revoir de la main avant de changer de chemin, en direction de sa nouvelle vie qui commençait merveilleusement bien !
Tant et si bien qu'une fois arrivée dans les allées du marché, ses prunelles se posaient sur tous les étals, trouvant une utilité pour tout ce qui avait l'honneur d'entrer dans son champ de vision. Elle finit par se faire une petite tape sur la joue pour se rappeler qu'elle disposait d'un budget, probablement assez serré connaissant les finances de l'île. Elle devait donc faire faste, tout en restant raisonnable économiquement parlant. Ce qui s'avérait être un défi encore plus compliqué que ce qu'elle avait imaginé au premier abord. Mais il était hors de question qu'elle renonce ! Quitte à mettre la main à la pâte, pour une fois, en s'attaquant à certains travaux manuels pour glaner quelques écus. Cela ne ferait que prouver sa détermination à bien faire, et donc probablement à impressionner le marquis. Pas folle, la guêpe.
[Quelques jours plus tard]
Ne voulant pas paraître trop impatiente de le revoir, et voulant montrer un travail conséquent avant même de franchir le seuil de la grande porte du château, elle avait attendu quelques jours avant de prévenir qu'elle arriverait le lendemain matin et qu'il faudrait faire envoyer quelqu'un chez elle pour récupérer ses malles de vêtements. Ce fut donc en milieu de matinée que la jeune femme se présenta au château, aussi bien apprêtée que la première fois qu'elle était venue. Car bien que l'idée d'organiser un bal la mettait en liesse, elle ne perdait pas de vue l'objectif premier de tout cela : la couronne.
Plus que satisfaite du sort que Rodrigue lui réservait, puisqu'en plus de lui proposer d'organiser un bal, il l'invitait à loger au château le temps de l'organisation, la jeune femme se redressa en se penchant légèrement en avant avant de prononcer quelques mots, en italien cette fois :
-Je ne puis que vous remercier de votre offre Votre Magnificence. Je saurais me montrer digne de la confiance que vous m'accordez. Ainsi, permettez que nous nous retirions afin que je puisse entamer les préparatifs de ce bal impérieux.
Quelques mondanités plus tard, les Casari quittèrent le château. Dès qu'ils furent suffisamment éloignés, elle jeta un regard conquérant à son père, comme si l'affaire de leur mariage était déjà ficelée. Elle déposa ensuite un délicat baiser sur la joue de Fabrizio avant de lui indiquer qu'elle partait au marché, en quête d'idées pour le bal grandiose qu'elle avait à organiser. Armée d'un sourire en coin du plus bel effet, elle fit un dernier au revoir de la main avant de changer de chemin, en direction de sa nouvelle vie qui commençait merveilleusement bien !
Tant et si bien qu'une fois arrivée dans les allées du marché, ses prunelles se posaient sur tous les étals, trouvant une utilité pour tout ce qui avait l'honneur d'entrer dans son champ de vision. Elle finit par se faire une petite tape sur la joue pour se rappeler qu'elle disposait d'un budget, probablement assez serré connaissant les finances de l'île. Elle devait donc faire faste, tout en restant raisonnable économiquement parlant. Ce qui s'avérait être un défi encore plus compliqué que ce qu'elle avait imaginé au premier abord. Mais il était hors de question qu'elle renonce ! Quitte à mettre la main à la pâte, pour une fois, en s'attaquant à certains travaux manuels pour glaner quelques écus. Cela ne ferait que prouver sa détermination à bien faire, et donc probablement à impressionner le marquis. Pas folle, la guêpe.
[Quelques jours plus tard]
Ne voulant pas paraître trop impatiente de le revoir, et voulant montrer un travail conséquent avant même de franchir le seuil de la grande porte du château, elle avait attendu quelques jours avant de prévenir qu'elle arriverait le lendemain matin et qu'il faudrait faire envoyer quelqu'un chez elle pour récupérer ses malles de vêtements. Ce fut donc en milieu de matinée que la jeune femme se présenta au château, aussi bien apprêtée que la première fois qu'elle était venue. Car bien que l'idée d'organiser un bal la mettait en liesse, elle ne perdait pas de vue l'objectif premier de tout cela : la couronne.
Lucia de Liancy- Bomba latina ✝
- Messages : 36
Date d'inscription : 02/04/2016
Re: Prise de pouvoir.
En cette matinée, Rodrigue de Liancy était maussade. Dans son bain, il repensait encore au rêve qu'il avait fait dans la nuit. Astride. Il avait été question d'Astride. Lui qui faisait tout pour éviter de penser à elle en journée, était rattrapé par son souvenir dans son sommeil. Le seul moment où il était incapable de se contrôler. Il se trouvait dans son bureau, et la belle blonde arrivait tranquillement pour l'embrasser. Comme si elle avait toujours vécu à Giglio, comme s'il ne l'avait jamais quittée. Puis elle lui retira sa couronne de Marquis – allez savoir pourquoi il la portait dans son bureau quand il était en train de gratter la paperasse - pour l'échanger contre une couronne de fleurs. Un autre baiser, et il s'éveilla dans la nuit claire, dans sa très grande chambre à laquelle il ne s'était pas encore habitué. Rodrigue ne réussit pas à se rendormir ensuite. Il se demandait si elle était passée à autre chose. Sûrement, elle semblait déjà avoir oublié son existence lorsqu'ils étaient encore ensemble. Mais lui, il la gardait dans un coin au fond de sa tête. En s'installant au château et en découvrant des parchemins de botanique dans une des bibliothèques, il avait automatiquement pensé à elle. Résultat, les parchemins avaient été entassés dans une pièce fermée à clé et personne ne pourrait les consulter. Il n'y avait pas vraiment de logique à cela, mais sur le moment il avait le sentiment que cela allait pouvoir l'aider à l'oublier. Il avait été jusqu'à mettre son ancienne bague de fiançailles dans une boîte verrouillée, dans sa commode. Mais non, Astride serait toujours quelque part dans son crâne, à défaut de pouvoir être avec lui.
Comme un enfant, Rodrigue s'immergea dans l'eau. Sa journée allait être chargée et il voulait profiter de son moment de détente après une nuit contrariée. Son début de journée le fut tout autant, quand la tête dans l'eau, il entendit une voix qui lui parlait. En relevant la tête, il vit Guido, se tenant à quelques pieds du baquet. Rodrigue grogna, se disant qu'il devait absolument mettre un verrou sur toutes les portes de sa suite pour être sûr qu'on ne vienne pas le déranger. Il s'apprêtait à demander au Bariani ce qu'il fabriquait là, quand il remarqua la stupeur du natif de Ladispoli. Ah oui. Il n'avait pas son bandeau. Forcément la première fois, quand on ne s'y attendait pas, ça pouvait surprendre. Pourtant même Rodrigue considérait que sa tête aurait pu être bien plus effrayante après ce qu'il avait pris en pleine poire. Peu importe, il fit comme s'il n'avait rien remarqué.
- Oui ?
- Lucia Casari, elle arrive ce matin, vous vous souvenez ?
Non, il ne se souvenait pas. On l'avait bien prévenu la veille, mais il était si embrumé en cette matinée que ça lui était sorti de la tête.
- Maintenant oui, répondit-il simplement, en haussant les épaules.
- Sauf que je dois aller chez les Rossi, je ne vais pas pouvoir l'accueillir et elle va arriver d'une minute à l'autre.
Le Marquis aurait bien répondu que les domestiques pouvaient bien se charger de l'installation de Lucia, mais il se ravisa. Elle allait devoir organiser un bal, chose que lui ne savait absolument pas faire, il pouvait bien l'accueillir en personne et lui présenter les lieux.
- Bien. Laisse-moi sortir de mon bain et m'habiller. J'y vais. Si elle est déjà arrivée d'ici-là, dis aux domestiques de faire monter ses malles dans sa suite.
- Je demande aux cuisines de vous préparer quelque chose à manger ? Vous n'avez pas man…
- Pas la peine, je me débrouillerai.
Les habitudes de Monteroni étaient tenaces. Il ne s'était pas encore débarrassé de sa manie du chapardage dans les cuisines. Mais si Rodrigue avait un peu faim, il avait tout de même des principes : la galanterie avant la nourriture.
Guido enfin parti, le Liancy quitta son bain, se sécha du mieux qu'il put, s'habilla, mit son cache-œil et coiffa ses cheveux humides. Fin prêt, il quitta ses quartiers et descendit à toute vitesse toutes les marches qui le séparaient du rez-de-chaussée et marcha d'un pas pressé vers l'entrée où l'attendait Lucia. Cette fois elle était seule, pas de Fabrizio Casari à l'horizon. Était-ce cette absence qui fit remarquer au rouquin que la demoiselle était bien plus belle qu'il ne l'avait vue lors de leur première rencontre ? Ses yeux sombres avaient quelque chose de troublant, d'intense. Plutôt que de se concentrer sur ses beaux yeux, Rodrigue lui sourit et dans son italien teinté d'accent français, la salua :
- Bonjour, pardonnez-moi pour l'attente. D'un geste large il désigna la grande entrée dans laquelle il se trouvait. Soyez la bienvenue au château. Pendant que les domestiques montent vos malles, je vous propose de faire une visite des lieux, je n'aimerais pas que ma seule invitée ne se perde dans les très nombreux couloirs.
C'était mieux ainsi. Le fonctionnement du château n'était pas encore tout à fait au point. Le nouveau Marquis ne donnait pas les mêmes ordres que le précédent. Ainsi quelques petits réglages étaient encore à réaliser, mais Rodrigue savait mieux ce qu'il voulait que n'importe qui au château.
Il invita Lucia à le suivre et se dirigea vers le sous-sol. Cela pouvait paraître étrange à première vue, mais ce choix s'expliqua bien vite. Ils se trouvèrent rapidement dans un couloir, face à deux portes.
- La porte de droite mène aux geôles. Je vous déconseille donc de vous y rendre, il y a actuellement deux prisonniers et ce n'est pas un lieu pour vous. La porte de gauche, en revanche, mène vers une salle d’entraînement. Si vous me cherchez, vous m'y trouverez peut-être si je ne suis pas à mon bureau.
Il y avait d'autres pièces encore, mais elles étaient sans affectation pour le moment. Rodrigue et Lucia revinrent ensuite au rez-de-chaussée, au niveau des cuisines. Puis il la guida vers une salle à manger, de taille modeste, puis une plus grande où l'on donnait les repas des grandes occasions. Vinrent ensuite un petit salon, et un autre légèrement plus grand. Mais la salle la plus importante était sans nul doute la grande salle de réception.
- Voici où se tiennent les bals. Je pense que vous allez y passer beaucoup de temps pour les préparatifs. Le buffet peut être placé dans ce coin, il indiqua alors le coin droit de la salle, mais il est aussi possible d'ouvrir les portes de la salle à manger attenante si vous avez peur de manquer de place. Enfin je vous laisse voir, nous en reparlerons de toute façon.
D'un sourire il l'invita à le suivre à nouveau. Direction le premier étage. Là-bas, ce serait vite vu. Aile est, aile ouest. Il n'y avait que des chambres et une petite bibliothèque. Ils continuèrent à grimper les escaliers, direction le troisième et dernier étage. Le sien, celui du Marquis, sa tanière. Après plusieurs portes sans importance pour Lucia, il s'arrêta.
- Ici se trouve mon bureau. Vous m'y trouverez la plupart du temps si besoin. Vous n'aurez qu'à frapper à la porte.
Il tourna ensuite les talons, lentement pour qu'elle arrive à le suivre lui et ses grandes jambes. Ils débouchèrent sur une double porte en bois. Sculptée, massive, elle formait une barrière naturelle entre ce qui se trouvait derrière elle et le reste de l'étage.
- Derrière ces portes se trouvent mes quartiers. Si je ne suis pas dans mon bureau, ni nulle part ailleurs, je m'y trouve sûrement. Si vous me cherchez et que vous pensez que je m'y trouve, faites passer le message à Guido ou une domestique. Venez par vous-même seulement en cas d'extrême urgence. C'est valable pour tout le monde au château, tout simplement parce que je ne souhaite pas être dérangé n'importe quand.
Il ne s'était pas attardé sur ce qui se trouvait vraiment derrière ces portes. Sa chambre, sa salle d'eau, son salon privé, sa salle à manger privée. Les deux dernières pièces étaient petites, mais parfaites pour les rencontres informelles. Il y avait également une petite bibliothèque et d'autres petites pièces sans intérêt.
- Maintenant je vais vous guider vers votre suite. Je pense que vos malles s'y trouvent.
Il reprirent l'un des escaliers et descendirent au second étage. Ils se dirigèrent dans l'aile est, et après avoir passé quelques portes, entrèrent dans une chambre. Les malles étaient là, la pièce était prête et les domestiques étaient déjà partis pour laisser son occupante prendre possession des lieux. Cette suite était initialement destinée aux nobles, mais Guido avait convaincu Rodrigue de la laisser à la Casari. Il y avait d'autres chambres pour nobles, mais ceux-ci étaient si peu nombreux dans les environs qu'ils pouvaient bien faire une entorse aux normes. Dans la pièce principale trônait un grand lit, surmonté de jolies tentures, accompagné d'un petit chevet. Le mobilier était raffiné. On trouvait une armoire, une commode, une petite table ronde avec quelques chaises, un secrétaire et une coiffeuse. Dans une pièce attenante, se trouvait la salle d'eau, avec un baquet, une petit réservoir d'eau, et un paravent. Depuis les fenêtres on ne voyait que la mer, vue qui ne devait pas changer la Casari qui vivait dans le quartier de Giglio Porto.
- Voici donc votre suite. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, une domestique loge tout au bout du couloir. Elle sera à votre service. Rodrigue fronça les sourcils, se disant qu'il avait oublié un petit détail : Aviez-vous une femme de chambre chez votre père ? Si oui, vous pouvez la faire venir ici. Je peux aussi vous en attribuer une.
Le rouquin se rapprocha de la porte, et s'appuya nonchalamment à son montant, souriant. La brune était plutôt grande, mais il avait tout de même besoin d'incliner légèrement la tête vers le bas pour s'adresser à elle. Ce qui était plutôt un avantage dans son cas, car la demoiselle avait de quoi intimider.
- Ah et si vous me voyez arpenter les couloirs de cet étage ou du premier étage tard le soir, ou dans la nuit, ne prenez pas peur, c'est une habitude que j'ai lorsque je ne trouve pas le sommeil.
Rodrigue regarda tout autour de lui, se demandant s'il avait oublié quelque chose. Au bout du compte, il n'était pas mécontent d'avoir révisé le vocabulaire lié au château. Cela lui avait plutôt servi. A part s'il avait passé son temps à raconter des inepties et que Lucia s'était abstenue de le reprendre par pure politesse. Ce qui était tout à fait possible.
Ils avaient vu tout ce qui méritait d'être vu. Le Liancy regarda donc Lucia, prêt à la laisser seule dans sa chambre.
- Avez-vous des questions ? Pour les repas, un domestique viendra vous voir pour que vous vous organisiez avec lui. Le château est plutôt vide pour le moment, alors chacun fait un peu comme il l'entend. Et concernant l'organisation du bal, si vous avez déjà des idées à me faire parvenir, vous pouvez me rendre visite à mon bureau dans la journée.
Jamais il n'avait autant parlé italien d'un coup, et Rodrigue se rendit compte à quel point cela pouvait être épuisant. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour être poli !
Comme un enfant, Rodrigue s'immergea dans l'eau. Sa journée allait être chargée et il voulait profiter de son moment de détente après une nuit contrariée. Son début de journée le fut tout autant, quand la tête dans l'eau, il entendit une voix qui lui parlait. En relevant la tête, il vit Guido, se tenant à quelques pieds du baquet. Rodrigue grogna, se disant qu'il devait absolument mettre un verrou sur toutes les portes de sa suite pour être sûr qu'on ne vienne pas le déranger. Il s'apprêtait à demander au Bariani ce qu'il fabriquait là, quand il remarqua la stupeur du natif de Ladispoli. Ah oui. Il n'avait pas son bandeau. Forcément la première fois, quand on ne s'y attendait pas, ça pouvait surprendre. Pourtant même Rodrigue considérait que sa tête aurait pu être bien plus effrayante après ce qu'il avait pris en pleine poire. Peu importe, il fit comme s'il n'avait rien remarqué.
- Oui ?
- Lucia Casari, elle arrive ce matin, vous vous souvenez ?
Non, il ne se souvenait pas. On l'avait bien prévenu la veille, mais il était si embrumé en cette matinée que ça lui était sorti de la tête.
- Maintenant oui, répondit-il simplement, en haussant les épaules.
- Sauf que je dois aller chez les Rossi, je ne vais pas pouvoir l'accueillir et elle va arriver d'une minute à l'autre.
Le Marquis aurait bien répondu que les domestiques pouvaient bien se charger de l'installation de Lucia, mais il se ravisa. Elle allait devoir organiser un bal, chose que lui ne savait absolument pas faire, il pouvait bien l'accueillir en personne et lui présenter les lieux.
- Bien. Laisse-moi sortir de mon bain et m'habiller. J'y vais. Si elle est déjà arrivée d'ici-là, dis aux domestiques de faire monter ses malles dans sa suite.
- Je demande aux cuisines de vous préparer quelque chose à manger ? Vous n'avez pas man…
- Pas la peine, je me débrouillerai.
Les habitudes de Monteroni étaient tenaces. Il ne s'était pas encore débarrassé de sa manie du chapardage dans les cuisines. Mais si Rodrigue avait un peu faim, il avait tout de même des principes : la galanterie avant la nourriture.
Guido enfin parti, le Liancy quitta son bain, se sécha du mieux qu'il put, s'habilla, mit son cache-œil et coiffa ses cheveux humides. Fin prêt, il quitta ses quartiers et descendit à toute vitesse toutes les marches qui le séparaient du rez-de-chaussée et marcha d'un pas pressé vers l'entrée où l'attendait Lucia. Cette fois elle était seule, pas de Fabrizio Casari à l'horizon. Était-ce cette absence qui fit remarquer au rouquin que la demoiselle était bien plus belle qu'il ne l'avait vue lors de leur première rencontre ? Ses yeux sombres avaient quelque chose de troublant, d'intense. Plutôt que de se concentrer sur ses beaux yeux, Rodrigue lui sourit et dans son italien teinté d'accent français, la salua :
- Bonjour, pardonnez-moi pour l'attente. D'un geste large il désigna la grande entrée dans laquelle il se trouvait. Soyez la bienvenue au château. Pendant que les domestiques montent vos malles, je vous propose de faire une visite des lieux, je n'aimerais pas que ma seule invitée ne se perde dans les très nombreux couloirs.
C'était mieux ainsi. Le fonctionnement du château n'était pas encore tout à fait au point. Le nouveau Marquis ne donnait pas les mêmes ordres que le précédent. Ainsi quelques petits réglages étaient encore à réaliser, mais Rodrigue savait mieux ce qu'il voulait que n'importe qui au château.
Il invita Lucia à le suivre et se dirigea vers le sous-sol. Cela pouvait paraître étrange à première vue, mais ce choix s'expliqua bien vite. Ils se trouvèrent rapidement dans un couloir, face à deux portes.
- La porte de droite mène aux geôles. Je vous déconseille donc de vous y rendre, il y a actuellement deux prisonniers et ce n'est pas un lieu pour vous. La porte de gauche, en revanche, mène vers une salle d’entraînement. Si vous me cherchez, vous m'y trouverez peut-être si je ne suis pas à mon bureau.
Il y avait d'autres pièces encore, mais elles étaient sans affectation pour le moment. Rodrigue et Lucia revinrent ensuite au rez-de-chaussée, au niveau des cuisines. Puis il la guida vers une salle à manger, de taille modeste, puis une plus grande où l'on donnait les repas des grandes occasions. Vinrent ensuite un petit salon, et un autre légèrement plus grand. Mais la salle la plus importante était sans nul doute la grande salle de réception.
- Voici où se tiennent les bals. Je pense que vous allez y passer beaucoup de temps pour les préparatifs. Le buffet peut être placé dans ce coin, il indiqua alors le coin droit de la salle, mais il est aussi possible d'ouvrir les portes de la salle à manger attenante si vous avez peur de manquer de place. Enfin je vous laisse voir, nous en reparlerons de toute façon.
D'un sourire il l'invita à le suivre à nouveau. Direction le premier étage. Là-bas, ce serait vite vu. Aile est, aile ouest. Il n'y avait que des chambres et une petite bibliothèque. Ils continuèrent à grimper les escaliers, direction le troisième et dernier étage. Le sien, celui du Marquis, sa tanière. Après plusieurs portes sans importance pour Lucia, il s'arrêta.
- Ici se trouve mon bureau. Vous m'y trouverez la plupart du temps si besoin. Vous n'aurez qu'à frapper à la porte.
Il tourna ensuite les talons, lentement pour qu'elle arrive à le suivre lui et ses grandes jambes. Ils débouchèrent sur une double porte en bois. Sculptée, massive, elle formait une barrière naturelle entre ce qui se trouvait derrière elle et le reste de l'étage.
- Derrière ces portes se trouvent mes quartiers. Si je ne suis pas dans mon bureau, ni nulle part ailleurs, je m'y trouve sûrement. Si vous me cherchez et que vous pensez que je m'y trouve, faites passer le message à Guido ou une domestique. Venez par vous-même seulement en cas d'extrême urgence. C'est valable pour tout le monde au château, tout simplement parce que je ne souhaite pas être dérangé n'importe quand.
Il ne s'était pas attardé sur ce qui se trouvait vraiment derrière ces portes. Sa chambre, sa salle d'eau, son salon privé, sa salle à manger privée. Les deux dernières pièces étaient petites, mais parfaites pour les rencontres informelles. Il y avait également une petite bibliothèque et d'autres petites pièces sans intérêt.
- Maintenant je vais vous guider vers votre suite. Je pense que vos malles s'y trouvent.
Il reprirent l'un des escaliers et descendirent au second étage. Ils se dirigèrent dans l'aile est, et après avoir passé quelques portes, entrèrent dans une chambre. Les malles étaient là, la pièce était prête et les domestiques étaient déjà partis pour laisser son occupante prendre possession des lieux. Cette suite était initialement destinée aux nobles, mais Guido avait convaincu Rodrigue de la laisser à la Casari. Il y avait d'autres chambres pour nobles, mais ceux-ci étaient si peu nombreux dans les environs qu'ils pouvaient bien faire une entorse aux normes. Dans la pièce principale trônait un grand lit, surmonté de jolies tentures, accompagné d'un petit chevet. Le mobilier était raffiné. On trouvait une armoire, une commode, une petite table ronde avec quelques chaises, un secrétaire et une coiffeuse. Dans une pièce attenante, se trouvait la salle d'eau, avec un baquet, une petit réservoir d'eau, et un paravent. Depuis les fenêtres on ne voyait que la mer, vue qui ne devait pas changer la Casari qui vivait dans le quartier de Giglio Porto.
- Voici donc votre suite. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, une domestique loge tout au bout du couloir. Elle sera à votre service. Rodrigue fronça les sourcils, se disant qu'il avait oublié un petit détail : Aviez-vous une femme de chambre chez votre père ? Si oui, vous pouvez la faire venir ici. Je peux aussi vous en attribuer une.
Le rouquin se rapprocha de la porte, et s'appuya nonchalamment à son montant, souriant. La brune était plutôt grande, mais il avait tout de même besoin d'incliner légèrement la tête vers le bas pour s'adresser à elle. Ce qui était plutôt un avantage dans son cas, car la demoiselle avait de quoi intimider.
- Ah et si vous me voyez arpenter les couloirs de cet étage ou du premier étage tard le soir, ou dans la nuit, ne prenez pas peur, c'est une habitude que j'ai lorsque je ne trouve pas le sommeil.
Rodrigue regarda tout autour de lui, se demandant s'il avait oublié quelque chose. Au bout du compte, il n'était pas mécontent d'avoir révisé le vocabulaire lié au château. Cela lui avait plutôt servi. A part s'il avait passé son temps à raconter des inepties et que Lucia s'était abstenue de le reprendre par pure politesse. Ce qui était tout à fait possible.
Ils avaient vu tout ce qui méritait d'être vu. Le Liancy regarda donc Lucia, prêt à la laisser seule dans sa chambre.
- Avez-vous des questions ? Pour les repas, un domestique viendra vous voir pour que vous vous organisiez avec lui. Le château est plutôt vide pour le moment, alors chacun fait un peu comme il l'entend. Et concernant l'organisation du bal, si vous avez déjà des idées à me faire parvenir, vous pouvez me rendre visite à mon bureau dans la journée.
Jamais il n'avait autant parlé italien d'un coup, et Rodrigue se rendit compte à quel point cela pouvait être épuisant. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour être poli !
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Re: Prise de pouvoir.
La Casari se contenta de tirer légèrement de part et d'autre de ses jupons pour saluer le marquis qui venait d'apparaître face à elle, puisque cette fois il ne lui avait pas pris la main afin d'y déposer, du bout des lèvres, une marque de politesse. Elle se contenta donc du strict minimum dû au rang de son vis-à-vis avant de s'armer d'un léger sourire en coin. L'un de ces sourires qui voulait dire qu'elle n'oublierait pas ce petit affront et qu'elle ne manquerait pas de le lui rappeler au moment qu'elle jugerait le plus opportun. Elle lui tendrait la main avec un certaine impertinence, montrant qu'elle avait été outrée et qu'elle espérait qu'il songerait à se plier à cet exercice pourtant simple lors de leur prochaine rencontre. D'autant qu'ils seraient amenés à se croiser relativement régulièrement maintenant qu'elle avait élu domicile au château ; domicile qu'elle n'escomptait pas quitter de si tôt.
Sagement, toujours avec sa petite pic dans un coin de sa tête, Lucia se mit à suivre le Liancy dans tous les recoins qu'il voulait bien lui montrer. Et à priori, il comptait bien tout lui montrer, leur première destination se trouvant être le sous-sol. Un endroit glauque et inintéressant au possible, pour sur que la mondaine n'y mettrait jamais un orteil. Même s'il s'agissait d'aller chercher Rodrigue dans sa salle d'entraînement et le voir ruisseler de transpiration ! Elle y enverrait Guido. Il se ferait certainement un plaisir d'aller chercher son maître dans les coins sombres et sinistres. C'était donc chargée d'une mine passablement dégoûtée qu'elle suivait les explications, espérant surtout remonter le plus rapidement possible afin de visiter des pièces qu'elle serait plus à même de fréquenter. Heureusement, ses prières intérieures furent entendues puisqu'il finit par la ramener au rez-de-chaussée, là où il y avait de la lumière, où il n'y avait pas de rats ou de prisonniers, là où elle allait pouvoir vivre en fait. Essayant tant bien que mal de se souvenir de l'emplacement des différentes salles, elle le suivait sans piper mot, inspectant la décoration... Au goût parfois douteux. Dès que le bal serait terminé, il faudrait qu'elle songe à proposer ses services de décoratrice d'intérieur. Ce serait une nouvelle raison de la faire rester encore un peu au château. Mais il finirent par s'arrêter dans une grande, très grande salle, décrite comme étant la salle de réception.
-How.... dit-elle simplement, impressionnée par ce qu'elle avait sous les yeux.
Elle commençait déjà à imaginer là où elle pourrait mettre le buffet, les ménestrels, les quelques sièges qui permettraient aux pieds sensibles de se reposer quelques instants avant de reprendre la danse, mais elle fut happée par un sourire qui lui intimait de quitter l'endroit, bien qu'il fusse très attrayant. Ils montèrent donc encore un étage, mais s'y attardèrent très peu avant de monter directement au dernier étage. Intriguée qu'on ne lui présentât pas le second niveau avant le troisième, elle prêta une grande attention à ce qui se trouvait là, supposant que la raison de ce "saut" était d'importance. Et en effet elle l'était ! Il s'agissait tout simplement de l'étage réservé au marquis, del'étage interdit à toute personne non autorisée. Un large sourire se dessina sur son visage, avant de s'effacer presque immédiatement, de peur que Rodrigue ne le surprenne. Qu'irait-il s'imaginer s'il la voyait sourire aussi bêtement ? Assurément que bien des idées déplacées se frayaient un chemin dans l'esprit de la belle italienne... Ce qui n'était pas concevable ! Elle seule devait savoir ce qui avait déjà traversé ses pensées. Elle se contenta donc de hochements de têtes entendus, mémorisant à la perfection l'agencement des quartiers du marquis. Cela pourrait toujours lui servir, dans un avenir plus ou moins proche.
Vint enfin son tour, son petit coin à elle dans cet immense château -comparativement à sa maison du moins-. Pas encore marquise, elle se sentait déjà princesse avec une chambre si imposante. Nécessitant une pause après tant d'efforts, elle s'assit sur le bord de son lit avant de poser son regard attentif sur le marquis. Elle tiqua lorsqu'il lui proposa l'aide d'une domestique. Elle n'avait certainement pas pensé à ce détail lorsqu'elle s'était imaginée vivant au château. Elle avait une sainte horreur que d'autres personnes la touchent et touchent ses affaires. Elle ne supporterait probablement pas non plus que des gens inconnus gravitent autour d'elle, attendant qu'elle leur ordonne des choses sans importance à faire pour se débarrasser de leur présence nuisible. Ne sachant guère si elle devait jouer l'hypocrite ou non, elle misa finalement sur la franchise. De toute façon, il devrait s'y habituer, elle n'avait pas sa langue dans sa poche, qu'elle soit française ou italienne.
-Non point. Et je n'en désire aucune Votre Magnificence. Je pense savoir me laver seule, me brosser et me vêtir également. Je vous remercie néanmoins de votre proposition. Elle sourit en coin, et poursuivit. Permettez que je trouve curieuses vos pratiques nocturnes. Je ne puis que vous répondre qu'il n'est point impossible que je prenne peur en effet. Mais une ombre de votre envergure errant dans mes appartements en pleine nuit, comprenez que cela puisse surprendre. Nouvelle pause. Du reste, j'ai bien une dernière question avant que vous ne me quittiez.
Elle présenta alors le dos de sa main, arborant un air faussement offusqué et posant le bout des doigts de son autre main au niveau de son coeur. Cette fois, de son bel accent français, elle ajouta :
-Je ne sais pas comment vous saluez dans la Royaume de France, mais ici vous devoir embrasser la main d'une dame. Vous ne pas êtes très poli...la Tua Magnificenza !
Un sourire espiègle ponctua le tout. Il ne fallait pas non plus qu'elle paraisse trop engageante et trop directive, elle risquait son avenir avec cette petite pique, aussi mignonne soit-elle ! Néanmoins, le marquis était jeune, elle espérait donc qu'il soit réceptif à l'humour. Un atout séduction qu'il ne faudrait pas négligé si tel était le cas... L'humour était une arme on ne peut plus utile, utilisé à bon escient.
Sagement, toujours avec sa petite pic dans un coin de sa tête, Lucia se mit à suivre le Liancy dans tous les recoins qu'il voulait bien lui montrer. Et à priori, il comptait bien tout lui montrer, leur première destination se trouvant être le sous-sol. Un endroit glauque et inintéressant au possible, pour sur que la mondaine n'y mettrait jamais un orteil. Même s'il s'agissait d'aller chercher Rodrigue dans sa salle d'entraînement et le voir ruisseler de transpiration ! Elle y enverrait Guido. Il se ferait certainement un plaisir d'aller chercher son maître dans les coins sombres et sinistres. C'était donc chargée d'une mine passablement dégoûtée qu'elle suivait les explications, espérant surtout remonter le plus rapidement possible afin de visiter des pièces qu'elle serait plus à même de fréquenter. Heureusement, ses prières intérieures furent entendues puisqu'il finit par la ramener au rez-de-chaussée, là où il y avait de la lumière, où il n'y avait pas de rats ou de prisonniers, là où elle allait pouvoir vivre en fait. Essayant tant bien que mal de se souvenir de l'emplacement des différentes salles, elle le suivait sans piper mot, inspectant la décoration... Au goût parfois douteux. Dès que le bal serait terminé, il faudrait qu'elle songe à proposer ses services de décoratrice d'intérieur. Ce serait une nouvelle raison de la faire rester encore un peu au château. Mais il finirent par s'arrêter dans une grande, très grande salle, décrite comme étant la salle de réception.
-How.... dit-elle simplement, impressionnée par ce qu'elle avait sous les yeux.
Elle commençait déjà à imaginer là où elle pourrait mettre le buffet, les ménestrels, les quelques sièges qui permettraient aux pieds sensibles de se reposer quelques instants avant de reprendre la danse, mais elle fut happée par un sourire qui lui intimait de quitter l'endroit, bien qu'il fusse très attrayant. Ils montèrent donc encore un étage, mais s'y attardèrent très peu avant de monter directement au dernier étage. Intriguée qu'on ne lui présentât pas le second niveau avant le troisième, elle prêta une grande attention à ce qui se trouvait là, supposant que la raison de ce "saut" était d'importance. Et en effet elle l'était ! Il s'agissait tout simplement de l'étage réservé au marquis, del'étage interdit à toute personne non autorisée. Un large sourire se dessina sur son visage, avant de s'effacer presque immédiatement, de peur que Rodrigue ne le surprenne. Qu'irait-il s'imaginer s'il la voyait sourire aussi bêtement ? Assurément que bien des idées déplacées se frayaient un chemin dans l'esprit de la belle italienne... Ce qui n'était pas concevable ! Elle seule devait savoir ce qui avait déjà traversé ses pensées. Elle se contenta donc de hochements de têtes entendus, mémorisant à la perfection l'agencement des quartiers du marquis. Cela pourrait toujours lui servir, dans un avenir plus ou moins proche.
Vint enfin son tour, son petit coin à elle dans cet immense château -comparativement à sa maison du moins-. Pas encore marquise, elle se sentait déjà princesse avec une chambre si imposante. Nécessitant une pause après tant d'efforts, elle s'assit sur le bord de son lit avant de poser son regard attentif sur le marquis. Elle tiqua lorsqu'il lui proposa l'aide d'une domestique. Elle n'avait certainement pas pensé à ce détail lorsqu'elle s'était imaginée vivant au château. Elle avait une sainte horreur que d'autres personnes la touchent et touchent ses affaires. Elle ne supporterait probablement pas non plus que des gens inconnus gravitent autour d'elle, attendant qu'elle leur ordonne des choses sans importance à faire pour se débarrasser de leur présence nuisible. Ne sachant guère si elle devait jouer l'hypocrite ou non, elle misa finalement sur la franchise. De toute façon, il devrait s'y habituer, elle n'avait pas sa langue dans sa poche, qu'elle soit française ou italienne.
-Non point. Et je n'en désire aucune Votre Magnificence. Je pense savoir me laver seule, me brosser et me vêtir également. Je vous remercie néanmoins de votre proposition. Elle sourit en coin, et poursuivit. Permettez que je trouve curieuses vos pratiques nocturnes. Je ne puis que vous répondre qu'il n'est point impossible que je prenne peur en effet. Mais une ombre de votre envergure errant dans mes appartements en pleine nuit, comprenez que cela puisse surprendre. Nouvelle pause. Du reste, j'ai bien une dernière question avant que vous ne me quittiez.
Elle présenta alors le dos de sa main, arborant un air faussement offusqué et posant le bout des doigts de son autre main au niveau de son coeur. Cette fois, de son bel accent français, elle ajouta :
-Je ne sais pas comment vous saluez dans la Royaume de France, mais ici vous devoir embrasser la main d'une dame. Vous ne pas êtes très poli...la Tua Magnificenza !
Un sourire espiègle ponctua le tout. Il ne fallait pas non plus qu'elle paraisse trop engageante et trop directive, elle risquait son avenir avec cette petite pique, aussi mignonne soit-elle ! Néanmoins, le marquis était jeune, elle espérait donc qu'il soit réceptif à l'humour. Un atout séduction qu'il ne faudrait pas négligé si tel était le cas... L'humour était une arme on ne peut plus utile, utilisé à bon escient.
Lucia de Liancy- Bomba latina ✝
- Messages : 36
Date d'inscription : 02/04/2016
Re: Prise de pouvoir.
En entendant Lucia refuser sa proposition concernant l'attribution d'une femme de chambre, Rodrigue sourit en coin. Au moins, ils avaient tous les deux le même avis sur les domestiques. Le Marquis avait d'ailleurs bien du mal à les voir circuler partout. Il ne connaissait pas leur nom, les confondait la plupart du temps, et leur avait formellement interdit de venir sans son accord dans ses quartiers. Le célibataire qu'il était redevenu ne supportait plus la moindre intrusion dans sa vie, et par conséquent dans les lieux qu'il occupait. Dès lors les domestiques étaient priés de venir s'occuper de sa chambre lorsqu'il le demandait, afin d'être certain de ne pas être dérangé. Guido était déjà assez envahissant, il n'était pas nécessaire d'en rajouter.
Le sourire du Liancy s'agrandit lorsqu'il fut question de sa nouvelle lubie consistant à se promener dans les couloirs vides et silencieux lorsque son sommeil lui faisait défaut. Il ne voulait pas l'inquiéter, ni l'effrayer, aussi se contenta-t-il de répondre avec une voix tout à fait aimable, dans un italien imparfait mais charmant.
- Ne vous inquiétez pas. Je ne me promène que dans les couloirs. Je pourrais sortir du château pour prendre l'air, mais je crois que les gardes finiront par me l'interdire pour m'éviter d'être tué pendant une balade. Si cela peut totalement vous rassurer, je ne viendrai pas dans vos appartements. Je me contente des couloirs. Et si cela vous indispose d'éventuellement me croiser dans un couloir, je vais privilégier celui du premier étage, puisque cet étage est absolument vide pour le moment.
En invitant des personnes à séjourner au château, il allait devoir composer avec elles, avec leurs habitudes, avec leurs manies. Rodrigue avait beau être Marquis de Giglio, il concevait qu'il n'était pas en droit de faire tout ce qu'il voulait.
Ce détail réglé, il observa la jeune femme qui lui tendait la main. Durant quelques secondes il resta silencieux, se contentant de regarder cette main dans le vide, cette main sur laquelle il n'avait pas déposé de baiser faute d'y avoir été invité. Puis il s'approcha, enferma délicatement la jolie main entre ses longs doigts et y déposa un baiser furtif, mais galant. Sans lâcher la main, il répondit :
- Dans le Royaume de France, une femme doit esquisser un petit geste pour montrer qu'elle accepte le baisemain. Quand vous et votre père êtes venus, je vous ai fait un baisemain car j'ai considéré que c'était la manière la plus appropriée de vous saluer devant votre père. Mais en réalité j'ai fini par penser que ce geste avait pu être un peu trop cavalier.
Lentement il relâcha la main et lui sourit.
- Je vais maintenant vous laisser prendre possession de votre nouvelle « maison ». Rodrigue s'éloigna, en s'inclinant très légèrement, comme pour la saluer, puis s'arrêta, la main sur la poignée de la porte : Et la prochaine fois je saurai que je dois vous faire un baisemain.
Sur ces mots, il la salua une dernière fois et quitta les lieux.
Le sourire du Liancy s'agrandit lorsqu'il fut question de sa nouvelle lubie consistant à se promener dans les couloirs vides et silencieux lorsque son sommeil lui faisait défaut. Il ne voulait pas l'inquiéter, ni l'effrayer, aussi se contenta-t-il de répondre avec une voix tout à fait aimable, dans un italien imparfait mais charmant.
- Ne vous inquiétez pas. Je ne me promène que dans les couloirs. Je pourrais sortir du château pour prendre l'air, mais je crois que les gardes finiront par me l'interdire pour m'éviter d'être tué pendant une balade. Si cela peut totalement vous rassurer, je ne viendrai pas dans vos appartements. Je me contente des couloirs. Et si cela vous indispose d'éventuellement me croiser dans un couloir, je vais privilégier celui du premier étage, puisque cet étage est absolument vide pour le moment.
En invitant des personnes à séjourner au château, il allait devoir composer avec elles, avec leurs habitudes, avec leurs manies. Rodrigue avait beau être Marquis de Giglio, il concevait qu'il n'était pas en droit de faire tout ce qu'il voulait.
Ce détail réglé, il observa la jeune femme qui lui tendait la main. Durant quelques secondes il resta silencieux, se contentant de regarder cette main dans le vide, cette main sur laquelle il n'avait pas déposé de baiser faute d'y avoir été invité. Puis il s'approcha, enferma délicatement la jolie main entre ses longs doigts et y déposa un baiser furtif, mais galant. Sans lâcher la main, il répondit :
- Dans le Royaume de France, une femme doit esquisser un petit geste pour montrer qu'elle accepte le baisemain. Quand vous et votre père êtes venus, je vous ai fait un baisemain car j'ai considéré que c'était la manière la plus appropriée de vous saluer devant votre père. Mais en réalité j'ai fini par penser que ce geste avait pu être un peu trop cavalier.
Lentement il relâcha la main et lui sourit.
- Je vais maintenant vous laisser prendre possession de votre nouvelle « maison ». Rodrigue s'éloigna, en s'inclinant très légèrement, comme pour la saluer, puis s'arrêta, la main sur la poignée de la porte : Et la prochaine fois je saurai que je dois vous faire un baisemain.
Sur ces mots, il la salua une dernière fois et quitta les lieux.
Rodrigue de Liancy- BG Borgne
- Messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2015
Forum littéraire :: Italie :: Giglio
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|