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[MON] Les juilletistes pas loin des flots bleus.

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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Ven 3 Juin - 22:32

Ladispoli, terre inconnue. Monteroni, terre à découvrir.

Le couple Lugnan-Vellini était enfin arrivé à Monteroni, sur les terres nouvellement attribuées à Yvain. Cela s'était fait de façon bizarre, le cousin de son époux lâchant ses terres pour conquérir une île dont tout le monde se fichait jusqu'à présent. Un acte déjà surprenant qui en précédait un autre qui l'était encore plus. Ainsi, qui aurait pu croire que Rodrigue de Liancy allait conseiller à sa future ancienne suzeraine de prendre pour nouveau vassal le cousin qu'il détestait tant ? Personne, surtout pas Anaïs et encore moins Yvain. Et pourtant, fin mai, le Lugnan devint officiellement « Écuyer de Ladispoli ». Le titre avait de quoi prêter à rire, surtout quand on voyait comment le pauvre Yvain avait mille misères pour apprendre à se battre. Rozenn avait d'ailleurs été assez maline pour confier la gestion administrative des terres à Yvain et la défense à Anaïs.

Loin de la péninsule italienne et occupée à bien d'autres choses, la jeune femme avait eu du mal à considérer Monteroni comme étant à eux. Jusqu'au jour où arriva la première lettre aux accents italiens. Elle provenait de Guido Bariani, homme à tout faire de Rodrigue,  qui avait longtemps géré Monteroni en l'absence du rouquin et qui s'était empressé de le suivre dans ses nouvelles aventures insulaires. La longue lettre détaillait tout ce qu'il y avait à savoir sur la gestion de Monteroni et ce qui les attendait lorsqu'ils allaient prendre le chemin des terres pontificales. En attendant, un intendant se chargerait de la gestion courante.
Les semaines passèrent donc, des semaines durant lesquelles Anaïs fit faire de nombreuses exercices à son maigrichon de mari afin de le remettre en forme. Elle avait même pu commencer à lui apprendre quelques notions sur le combat. Rien de très complexe cependant, il était encore trop tôt, et à l'approche de leur départ pour Monteroni, il était inutile de le charger de savoirs qu'il allait oublier durant le voyage.

Le voyage avait été pénible. Anaïs avait perdu l'habitude des longs voyages, qui plus est sous la chaleur de la fin juin et du début juillet. Pire, elle devait garder les deux yeux rivés sur sa progéniture en l'absence d’Élise, restée à Biriatou pour tenir le domaine. Henri, lui, était du voyage. A Monteroni, les francophones devaient être peu nombreux, alors avoir un domestique capable de comprendre les ordres qu'on lui donnait était important aux yeux de la blonde. Malgré le voyage qui semblait durer des années, la jeune femme avait hâte de découvrir Monteroni et ses habitants. Elle était peut-être née sous le nom de Vellini, elle ne connaissait rien à la péninsule italienne. Alors quand ils entrèrent sur les terres de Ladispoli, puis empruntèrent les chemins menant à Monteroni, la blonde fut prise d'un grand enthousiasme.

- Pourquoi Rodrigue a-t-il quitté Monteroni ? Les paysages sont adorables. Quel idiot !

Ce jugement sur le cousin de son mari était sorti tout seul. Yvain n'allait pas la contredire, mais elle  serra les lèvres pour ne pas critiquer Rodrigue à nouveau. Au fond, elle l'appréciait, mais à cet instant, elle ne comprenait absolument pas son choix. Radieuse, elle saluait les quelques paysans qu'ils croisaient d'un signe de la main. Dans son courrier, Bariani disait que les gens de Monteroni étaient sympathiques et de bons travailleurs. Elle voulait bien le croire et était pressée de le constater par elle-même.

Enfin ils atteignirent le « Castellaccio », ce qui, d'après ce qu'elle avait compris, était la demeure de l’Écuyer de Ladispoli. La bâtisse était massive, grossière comparé à ce qu'on pouvait faire en France, mais elle avait son charme. Anaïs scruta Yvain pour voir ce qu'il en pensait. Peut-être n'aimerait-il pas Monteroni, ni son Castellaccio, tout simplement parce que Rodrigue y avait résidé auparavant. Si tel était le cas, elle essayerait de le faire changer d'avis, car, elle, elle aimait déjà ce petit coin loin de sa montagne pyrénéenne.
Anaïs de Lugnan-Vellini
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Message par Yvain de Lugnan Dim 5 Juin - 14:25

"Quel idiot". Ce mot était en train de se répercuter dans tous les neurones du Lugnan, comme s'il voulait s'assurer qu'elle avait bel et bien dit que le Liancy était idiot. L'insulte enfin passée dans tous les recoins de sa cervelle, un divin sourire en coin vint s'afficher sur son visage et il ne put s'empêcher -maintenant certain qu'elle l'avait dit- de rajouter :

-Je l'ai toujours dit. Ma Dame.

L'occasion était trop belle, et la perche tellement bien tendue, qu'il ne pouvait décemment pas la laisser passer. C'eut été comme pêcher le plus gros brochet du Royaume pour finalement le remettre à l'eau pour la seule raison qu'on aimait pas le brochet. Non. Il n'aimait pas son cousin, et toute opportuinité, si petite soit-elle, qui lui offrait la possibilité de le descendre était à saisir dans les plus brefs délais, avant que les soldes ne fussent terminées. Après le constat sans appel de la présence d'un petit pois dans la tête de son imbécile de cousin rouquin, il porta enfin attention au paysage afin de juger son potentiel d'admiration. Il n'était qu'un homme et ne s'extasiait donc que très peu devant la beauté de la faune, de la flore et de l'architecture. Lui ne voyait que le côté pratique des choses. Ainsi, une maison banale composée d'une chambre, d'une cuisine, d'une salle d'eau et bordée d'un petite jardinet lui suffisait amplement. Evidemment, s'il avait le choix entre plusieurs demeures, il avait des critères supplémentaires qui pouvaient entrer dans le calcul, comme la proximité avec une église ou la présence d'une seconde chambre pour y caler Wilgeforte et Georges. Mais en l’occurrence, à Monteroni, il n'aurait pas le choix et devrait se farcir le castellaccio. L'immense castellaccio. Il s'arrêta quelques secondes afin de se faire une idée de la taille du bâtiment avant même d'y entrer.

-Fichtre !

Comparativement à ce qu'ils avaient à Biriatou, la bâtisse était certes bien plus moche, mais elle était surtout bien plus grande. Auraient-ils seulement besoin de quelque chose d'aussi grand pour héberger cinq personnes ? Voire six s'ils réussissaient à dénicher une nourrice pour les enfants ? Il n'en ferait assurément pas le tour et se contenterait de la pièce de vie, qu'il imaginait déjà bien plus grande que celle qu'ils avaient en France. Très pragmatique, le Lugnan ajouta tout en se remettant en route :

-L'hiver. Ce doit être une horreur. A chauffer. Nous ne viendrons qu'en été.

Il n'était pas spécialement proche de ses sous, mais il était proche de sa santé ! Ainsi donc, plus les pièces étaient grandes, plus il y avait des disparités de températures, et donc plus il risquait de tomber malade. Conclusion : Yvain n'était pas adapté pour la vie de noble haut fieffé. Il n'irait donc pas défier son cousin pour avoir Giglio dès qu'il serait en mesure de se battre. Il s'en contenterait réellement pour défendre femme et enfants... Bien que femme n'aurait probablement pas besoin de lui... Alors juste enfants, peut être même juste Wilgeforte car Georges finirait bien par s'entraîner avec sa mère lui aussi. Mais ce n'était pas le moment de songer à ce qu'il avait été heureux de quitter en France ! Il était en vacances sur la côte -ou à peu de chose près- et il comptait bien en profiter. il se voyait déjà assis contre à un tronc d'arbre à apprendre l'italien. Gé-nial.
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Dim 5 Juin - 22:43

Anaïs s'était toujours considérée comme une pragmatique. En réalité, elle n'était qu'une incorrigible romantique. De la demeure disproportionnée qui s'élevait devant eux, la blonde ne voyait que les bons côtés. Le charme de la rusticité, le nombre d'étages qui indiquait un grand nombre de chambre – ainsi personne ne se marchera sur les pieds !- sans compter la perspective d'avoir une armée de cuisinières toutes plus actives les unes que les autres, d'après ce qu'avait écrit Guido Bariani. Ses enfants ne manqueraient pas d'espace pour s'épanouir tout en apprenant à respecter les paysans qui gravitaient tout autour du Castellaccio. Oui, ce tableau avait quelque chose d'idyllique et donnait même envie à Anaïs de passer la plus grande partie de l'année à Monteroni, tout cela avant même d'avoir mis le moindre orteil dans la bâtisse. Hélas, son mari était bien plus réaliste et avait tué dans l’œuf toute velléité de séjour quasi permanent à Monteroni. Il avait totalement raison, le Castellaccio devait être extrêmement difficile à chauffer et, par conséquent, représenterait un espace non sain en hiver pour Yvain et sa santé capricieuse.

- Peut-être, se contenta-t-elle de répondre, un chouïa déçue. Et si nous entrions ?

Ils avaient tant de choses à faire, qu'Anaïs ne souhaitait pas perdre son temps dans un débat qui l'ennuyait d'avance. D'autant que ses impressions pouvaient être fausses : la vie au Castellaccio était peut-être pénible, ce qui aurait expliqué pourquoi Rodrigue avait levé le camp. La petite famille fut donc reçue par l'intendant qui s'appliqua à leur faire faire le tour du propriétaire, les accompagnant de commentaires dans un français poussif. Pour être rustique, le Castellaccio était rustique ! La décoration allait nécessiter d'être presque entièrement refaite. Le Liancy ne s'était clairement pas attardé sur ces détails, mais Anaïs n'allait certainement pas vivre dans un environnement aussi masculin. Les yeux bleus de la Lugnan-Vellini passèrent tout en revue. S'il y avait des travaux à faire, le Castellaccio était néanmoins aussi plaisant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Après avoir découvert les terres, le Castellaccio, ils rencontrèrent très rapidement les gens de Monteroni. La barrière de la langue limitait considérablement les échanges, aussi Anaïs se promit d'apprendre la langue natale de son père. Mais avant cela, son mari et elle avaient un problème plus urgent à régler : trouver quelqu'un pour pallier l'absence d’Élise.


*


Quelques jours plus tard, Anaïs, Yvain et leurs deux enfants se présentèrent au château de Ladispoli. Après avoir été guidés dans un dédale de couloirs aux carrelages de différentes couleurs, ils débouchèrent dans la salle de réception. Pas de Rozenn en vue. Son sens de la ponctualité étant aussi médiocre que son sens de l'orientation, Anaïs ne fut pas plus surprise que ça d'avoir à attendre.


- J'espère qu'elle aura quelqu'un à nous proposer. Quelqu'un qui parle français et italien, dit-elle à Yvain, comme pour passer le temps.

En réalité, ce n'était pas le seul critère essentiel. Anaïs s'était, pour le moment, bien gardée d'en faire part à Yvain, mais elle espérait ardemment que leur employée ne serait pas très belle. Elle avait bien confiance en son époux en temps normal, mais une belle jeune femme pouvait avoir vite fait de lui faire tourner la tête si elle cherchait à le séduire afin d'obtenir une quelconque élévation sociale. Hors de question donc de choisir quelqu'un qui était objectivement plus jolie qu'elle. Anaïs croisait alors les doigts pour ne pas avoir à refuser d'éventuelles prétendantes sous peine d'avoir à expliquer à son mari pourquoi elle faisait de la discrimination. Qu'il était difficile de s'assurer l'exclusivité d'un homme !
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Message par Rozenn Caillavet Lun 13 Juin - 22:34

Les pré-sélections avaient été rudes ! Si sa blonde de soeur n'avait pas évoqué de critères particuliers concernant la future nounou italienne de ses rejetons, la Boulette avait eu l'infime intelligence de se douter que les candidates devaient comprendre deux traits de français ! Ben oui parce qu'elle depuis le temps elle s'était fait au dialecte du coin, mais pour sa frangine qu'avait jamais quitté la francophonie, ça allait être une autre paire de manches. Alors oui, tout le monde dit que les italiens parlent avec les mains, mais permettez moi de vous dire que ce n'est qu'un mythe ! Ils bougent juste les bras souvent parce qu'avec la chaleur, ils ont les aisselles trempées ! C'est histoire de faire passer un peu d'air et de pas avoir les dessous de bras en décomposition en fait... Un jour on inventera le déodorant, mais l'habitude sera tellement ancrée qu'ils continueront à gesticuler sans raison apparente. N'empêche que ! Ca n'en faisait pas un moyen de communication très fiable du coup. Il était donc nécessaire et crucial de trouver quelqu'un qui se rapprochait le plus possible du bilinguisme, tout en restant compétente dans les autres domaines. Autant vous dire que... Beaucoup de candidates, très peu de retenues ! Genre juste deux en fait. Du coup, résignée, ne pouvant décemment pas proposer que deux personnes à sa soeur, elle ajouta Alessandra et Cecilia à la short-list.

Après mûre réflexion, ou après plusieurs nuits de sommeil au choix -car oui elle s'y était pris à l'avance pour le recrutement ! Impressionnant hein ?-, elle en était venue à la conclusion que refourguer Cecilia à Anaïs n'était peut être pas une si mauvaise idée que ça finalement. Elle parlait pas très bien français, voire pas du tout d'ailleurs, mais elle le comprenait assez bien. Mais comme ça, elle pourrait se débarrasser de cette pintade sur pattes ! Elle pourrait tout simplement la virer pour être sure de ne plus être réveillée aux aurores par des hurlements, de ne plus être suivie dans les allées du jardin sous prétexte qu'elle pouvait s'y perdre, ou encore d'être tout simplement tranquille au moins une journée... Mais nan ! La Basque savait très bien que personne dans la région ne supporterait de l'avoir à son service et la pauvre se retrouverait à la rue juste parce qu'elle était un peu... extrême. Hors de question ! Mais si elle pouvait la refiler en pension à sa soeur pour un mois ou deux, elle ne dirait quand même pas non...


-Viscontessaaaaaaaa !! In piediiiii !!!
-Grmblmlbmlbmllmbllb, fit-la couverture.
-Tua sorella. Lei viene oggi !
-Miiiinh elle vient qu'c't'après-midi. Laisse moi !
-Hmmm ? Non capisco. In piedi !!!
-T'as très bien compris ! Va plutôt réveiller les filles... Grmpf...
-Si viscontessa ! Conclut la domestique après avoir tiré la couverture jusqu'aux pieds de la Rozette histoire d'être sure qu'elle allait se lever.

Un dilemme se présentait maintenant à la Caillavet : se redresser pour récupérer la couverture et se rallonger illico presto au risque de se faire souffler dans les bronches à peine rendormie, ou faire l'effort de se lever et se vautrer lamentablement au pied du lit pour cause de phase de réveil à peine entamée. Le choix était complexe, et elle opta finalement pour un roulé-boulé en bas du lit pour préserver ses tympans. Une fois par terre, elle cligna encore un peu des yeux avant de les frotter et de finalement se décider à se redresser. Cecilia ayant probablement entendu la chute de l'éléphant sur le parquet ne s'était pas aventurée une nouvelle fois dans la chambre et la Boulette put donc se traîner d'un pas lent jusqu'à sa malle de vêtements pour en sortir les mythiques mais non moins superbes braies vertes avec chemise rouge ! Pas sexy pour un sous quand on habite dans le pays de la robe de luxe avec les frous-frous et les blings-blings, mais très pratique. Pis d'abord, elle avait pas besoin de draguer, alors à quoi bon s'engoncer dans des robes et risquer l'apoplexie hein ? Bref, au bout d'une heure elle avait enfin complètement émergé et elle était fraîche et dispo pour ses cours d'italien du matin 10h, et pour tout le reste qui allait suivre. D'ailleurs, cette histoire de rendez-vous avec sa frangine lui était complètement sortie de la tête, tellement habituée à son petit train-train, et ce ne fut qu'en voyant débarquer Cecilia dans la pièce que la lumière fut dans sa petite caboche bien vide !


-Ah ! Oh...! Va m'chercher les deux candidates ! Attention les oreilles. ALESSANDRAAAAAAA !!!

Jamais bien loin, sa domestique préférée d'amour se pointa rapido dans la salle et partit presque aussitôt s'acquitter des missions confiées par la Boulette, soit la récupération des petits fours et de la bouteille de vin dans les cuisines. Moui, Rozenn était interdite de cuisine parce qu'elle mangeait trop quand elle y allait... Du coup, après un bisou à Cuichelle, elle prit le chemin du salon rouge en suivant avec attention le fléchage de la même couleur. En peu de temps, elle se retrouva donc là où elle était attendue. Pis comme elle était en retard, elle fit un grand sourire et se fendit d'un joyeux :

-Kaixo ! Assoyez vous ! Faites comme si j'étais arrivée à l'heure hein. Alessandra va point tarder avec les p'tits roulés au jambon d'Parme... Pis Cecilia d'vrait s'radiner avec les deux dames que j'vous ai trouvées ! J'voulais qu'elles comprennent un peu l'français du coup y'a pas eu beaucoup d'élues... Alors j'peux vous proposer mes deux miennes en location aussi ! Plus Cecilia qu'Alessandra si possib' d'ailleurs hein... Petit plissement de nez. Moi j'l'aime bien ma Alessandra....!

T'façon Alessandra était belle alors Anaïs en voudrait pas. hein Ana ?
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Message par Yvain de Lugnan Mar 14 Juin - 22:55

Honnêtement, le pauvre avait été tiré jusqu'ici de force. Que la nourrice italienne de leurs enfants soit grande, grosse, rousse, chauve, atteinte de strabisme, bilingue ou sourde, il n'en avait strictement rien à faire. La seule chose qu'il voulait réellement était qu'elle soit suffisamment capable pour s'occuper des petits sans que son épouse ou lui soient obligés de repasser derrière elle à chaque fois. Auquel cas le bénéfice de l'opération serait particulièrement nul, voire même négatif. Et donc, puisqu'il avait pleine confiance en Rozenn, ainsi qu'en Anaïs en guise de seconde barrière de sélection, il ne comprenait pas pourquoi il avait été sommé de venir lui aussi. Pour ne rien arranger, ils avaient donc été contraints d'emmener les enfants avec eux, soit disant pour tester le feeling entre eux et la future nounou. Comme si, à cet âge, ils pouvaient déjà avoir un avis précis sur une personne rien qu'en la regardant. Les enfants ont des émotions particulièrement simples vis-à-vis des gens, l'hypothèse de base étant qu'ils aiment tout le monde, jusqu'au jour où ils sont punis ou grondés par une personne du dit monde. Seuls les parents et éventuellement la famille avaient le privilège de continuer à être aimés même après les punitions. Mais comme il n'avait pas voulu contredire son épouse, sachant qu'il n'était pas encore apte à se défendre en cas de riposte physique, il se contenta de froncer les sourcils et d'accepter le périple.

Lorsqu'ils arrivèrent, évidemment, ils n'étaient pas vraiment attendus. Les gardes avaient certes été prévenus, on ne sait trop par quel miracle d'ailleurs, mais le salon était désespérément vide. Afin de meubler le silence, son épouse se fendit de quelques mots, et sa seule réaction fut de lever les yeux au ciel. Il était déjà blasé alors que l'affaire n'avait pas encore commencée... Sa belle-soeur pointa le bout de son nez au bout de quelques minutes, et le silence fut donc sévèrement mis à mal. Il ne se le fit cependant pas répété deux fois lorsqu'elle leur proposa de s'installer. Il s'assit donc dans l'un des fauteuils et attendit que les prétendantes au poste pénètrent dans la pièce. Ce qui ne tarda guère puisque toutes les personnes évoquées par Rozenn arrivèrent presque en même temps. La première, Alessandra, venant déposer le plateau et la bouteille de vin italien sur la table devant eux avant d'aller s'ajouter dans le rang d'oignons près de la porte. Il jeta un regard de travers sur la bouteille, à la fois intrigué et inquiet par le goût que pouvaient bien avoir les nectars du Saint Empire. Préférant laisser l'honneur du service à la maîtresse des lieux, ou à un potentiel nouveau domestique qui surgirait de nulle part, il leva alors le nez vers les quatre femmes pré-sélectionnées par la Vicomtesse.

Il se frotta lentement le menton en s'enfonçant dans son fauteuil, faisant mine de réfléchir et de trouver des arguments pour en avantager une plutôt que l'autre. Au bout de quelques minutes il se tourna légèrement vers Anaïs, les deux sourcils haussés et l'indifférence clairement visible sur son visage. Mais voyant que la blonde prenait tout cela très au sérieux, il se redressa et de sa voix qui respirait la lassitude il dit :


-Présentez-vous. Commencez. Fit-il en montrant Alessandra du doigt.

Alessandra semblait jeune, elle devait être à peine plus âgée qu'Henri. Pour une domestique, elle était plutôt belle, et n'avait probablement rien à envier à celles qui se tartinaient la figure de fond de teint. La petite présentation qu'elle leur fit était associée à un bel accent chantant, mais elle avait l'avantage d'avoir été faite dans un français particulièrement clair. Cette candidate lui plaisait assez bien, mais il devait donner l'impression de s'intéresser réellement à la chose, alors il poursuivit ses investigations précaires en demandant à la suivante, Cecilia, de se présenter également. Cette fois, si l'accent était toujours aussi chantant, le discours était bien moins compréhensible pour le non-italophone qu'il était. D'autant plus que celle-ci avait l'air surexcitée. Une qualité pour certains, mais pour lui c'était quelque chose d'insupportable ! Il aimait le calme et la lenteur. Pour ne rien arranger, elle était bien moins belle que la première. Il haussa les épaules et intima la suivante de se présenter à son tour. Si le français laissait un peu à désirer, elle le comprenait, ce qui était le principal finalement. Petite et chétive, elle donnait l'impression d'être extrêmement réservée. Et donc silencieuse ! Que demander de plus pour l'amoureux du silence et de la tranquillité qu'il était ? Néanmoins, il proposa à la dernière de se présenter à son tour afin de ne pas faire de jalouses. La dernière avait la particularité d'être bien plus habillée que les trois autres et d'avoir justement le teint parfait par du fard. Elle se présenta dans un français quasiment parfait et expliqua qu'elle rêvait d'épouser un notable français. Cette femme pouvait servir d'instructeur à leurs enfants en plus d'être une simple nourrice. En somme, elle était presque parfaite ! Face à ces quatre jeunes femmes, Yvain n'était finalement pas plus avancé.


-Hum. Rozenn. Peuvent-elles sortir ? Je vous pries.
-Sur ! Mesdmoiselles j'vous r'mercie ! Vous pouvez aller patienter dans l'salon jaune juste à côté.

Les candidates dehors, il posa ses doigts contre son front et se fit un petit massage de l'avant de sa boîte crânienne avant de se prononcer.

-En vérité. Les quatre me vont. Si je dois choisir. Alors la dernière.
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Mer 15 Juin - 23:04

Était-ce un simple mauvais pressentiment ou son intuition féminine ? Les yeux qu'Yvain levait au ciel n'auguraient rien de bon. Anaïs avait bien compris qu'il n'avait aucune envie de se trouver là, mais elle avait au moins espéré qu'il prenne sur lui pour ne pas paraître trop désagréable. Elle, en tous cas, avait pris sur elle pour ne pas le reprendre sèchement en voyant son attitude. A croire qu'il se fichait bien de savoir à qui ils allaient confier leurs enfants ! Inconcevable pour la blonde qui allait mettre un point d'honneur à tester les postulantes. Celles-ci n'allaient pas tarder à leur être présentées car Rozenn était enfin arrivée. En retard, comme toujours, mais rapidement suivie par les prétendantes. Anaïs prit donc place et porta son regard sur chacune d'entre elles. La Lugnan-Vellini ne souriait pas. Elle ne cherchait pas une amie, ni une confidente, elle n'avait donc aucune raison de se montrer amicale. Mieux, Anaïs espérait inspirer une certaine crainte aux jeunes femmes. Mère louve et épouse jalouse, elle avait bien remarqué que les postulantes n'avaient rien d'abominables cageots. De quoi rajouter une once de crispation chez la blonde qui trouvait que cette histoire sentait définitivement le bouc.

Sur demande d'Yvain, les jeunes femmes se présentèrent. Froide comme jamais, Anaïs sondait chaque candidate, cherchant à savoir si elles étaient honnêtes ou dignes de confiance. La première était bien gentille, mais trop jolie au goût de la dame de Biriatou. Ce qui était fort dommage car Alessandra parlait un français excellent. La seconde, Cecilia, était tout le contraire. C'était une sorte de version agrandie et ratée de Rozenn. Elle n'était ni belle, ni vraiment douée en français. Le premier point faisait la joie d'Anaïs, le second un peu moins, même si cela pouvait s'arranger. En revanche, si son enthousiasme débordant était charmant, il allait probablement déplaire à Yvain. La Lugnan-Vellini n'eut pas vraiment le temps de réfléchir à cette question car la troisième prétendante se présentait déjà. Pour un homme, elle aurait certainement paru adorable, telle une petite chose fragile que l'on devait chouchouter et extirper de sa timidité maladive. Pour Anaïs, elle représentait une rivale directe car appartenant elle aussi au groupe des femmes courtes sur jambes. Son manque flagrant de charisme ne jouait pas non plus en sa faveur. Vint ensuite la dernière, et celle-ci était disqualifiée d'office, avant même d'avoir prononcé le moindre mot. Vulgaire. N'y avait-il pas de mot plus approprié pour la désigner ? Anaïs n'aimait guère les femmes fardées, cela se confirmait à nouveau. Au naturel, elle devait être belle. Ainsi maquillée, elle ressemblait à une vieille Comtesse sur le retour qui cherchait à séduire le premier homme qui n'était pas tombé entre ses filets dans sa lointaine jeunesse. Il y avait chez elle un soupçon de provocation qui déplaisait à la blonde. Son français parfait n'y changea rien. D'autant qu'apprendre que la prétendante souhaitait ardemment épouser un notable français acheva de convaincre Anaïs de la refuser catégoriquement. Cela sentait l'ambition, et les femmes ambitieuses et vulgaires avaient toujours cette sale manie d'essayer de voler le mari des honnêtes femmes. Et même si la prétendante n'avait pas cette intention, Anaïs avait bien assez d'éléments pour imposer son veto.

Les présentations terminées, Anaïs profita de leur sortie pour donner un roulé de jambon à Georges, sagement assis à côté d'elle depuis le début. Wilgeforte, quant à elle, dormait à poings fermés entre les bras de sa mère. Celle-ci songeait au meilleur choix possible. En vérité, aucune ne lui plaisait vraiment. Yvain, lui, avait fait son choix, au plus grand déplaisir de son épouse. La dernière ? Quelle horreur ! Les yeux bleus d'Anaïs roulèrent dans une expression comique, dissimulant à peine son exaspération. Quelle idée saugrenue. Pourtant elle ne pouvait pas en être scandalisée. Pas devant les enfants, pas devant Rozenn. L'heure était à la diplomatie. Et dieu que c'est compliqué la diplomatie quand la jalousie vous ronge !


- Oh. Je ne l'apprécie pas. Elle manque de modestie dans sa façon d'être. En fait, sur les quatre, j'en aime peu. Comment se nomme la deuxième déjà, Rozenn ? Cecilia ? Petite pause. Oui, je crois que c'est celle qui me déplaît le moins. Elle est un peu trop enthousiaste et j'ai donc peur qu'elle ne se plaise pas parmi nous. Mais elle semble gentille, alors pourquoi pas. Si elle se montre un peu moins extravertie et légèrement plus sérieuse peut-être que…

Cherchait-elle à convaincre Yvain ? Oui, totalement. Pourtant quelque chose lui disait que son optimisme concernant la vivacité de Cecilia n'allait pas atteindre Yvain. Sûrement parce qu'elle doutait elle-même.

- Rozenn, tu as l'air de bien la connaître. Peux-tu m'en dire plus sur cette demoiselle ? fit Anaïs, vaguement curieuse.

Le cas de la candidate préférée d'Yvain était déjà réglé pour Anaïs. Après tout, si elle ne l'aimait pas, Yvain n'allait tout de même pas persister dans son choix, non ? Ils devaient choisir ensemble, et puisqu'il prétendait que les quatre lui allaient, cela devait bien inclure Cecilia.
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Message par Yvain de Lugnan Dim 19 Juin - 15:36

-La dernière était la moins idiote. Je crois.

Il n'avait eu que peu de considération pour le reste du discours de présentation de la jeune femme. Certes il avait compris qu'elle rêvait de quitter le Saint-Empire pour rejoindre le Royaume de France, au bras d'un riche époux français. Ce qui l'avait amené à penser qu'elle avait au moins deux sous de jugeote. Non pas parce qu'il imaginait les français plus malins que les italiens, ce qui expliquerait pourquoi elle voudrait un mari au teint pâle, mais bien parce qu'elle s'était très probablement instruite afin de parvenir à son objectif. En d'autre termes, il avait songé à l'instruction de ses enfants plutôt qu'à la façon d'être de la candidate, qui lui importait finalement très peu tant que sa mission était remplie correctement. Elle aurait pu physiquement ressembler à la seconde candidate qu'il aurait également opté pour celle ci. Certes, il aurait émis plus de réserves quant à la possibilité de se trouver un époux en France dans une telle configuration, la beauté étant tout de même un critère d'importance. Bien que les femmes bien en chair étaient très en vogue chez eux... Avant de se perdre encore un peu plus dans ses pensées, il reprit le fil de la discussion et fronça donc légèrement les sourcils, étonné par le jugement et le choix de son épouse.

-Hum. Votre soeur dort. Fit-il en montrant la narcoleptique de la main avec nonchalance.

Et c'était probablement mieux ainsi d'ailleurs. La suite des opérations ne présageait rien de bon car, bien qu'il se fichait éperdument de la jeune femme qui servirait de nourrice temporaire à leurs enfants, il n'était pas convaincu par les arguments de son épouse concernant la dernière candidate. Il ne comptait donc pas la laisser s'en tirer si facilement, d'autant plus que celle qu'elle proposait en échange n'était autre que Cecilia, celle qui lui avait parue la plus antipathique du fait de son surplus d'enthousiasme. Il s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, croisa les jambes et posa ses avant bras sur les accoudoirs. Chargé d'une moue dubitative, il exposa son point de vue. Elle voulait qu'il s'impliquât dans le choix, elle n'allait pas être déçue, la Vellini.


-Cecilia ? C'est non. Elle sera trop bruyante. Et énervante. Petite pause. Si la dernière ne vous plait point. Prenons la troisième. Elle est discrète. Au moins.
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Dim 19 Juin - 17:30

Pourquoi le bon Dieu lui avait-il offert une sœur jumelle si celle-ci ne pouvait pas être disponible pour elle quand il le fallait ? C'était exactement la question que se posa Anaïs en découvrant Rozenn endormie nourriture en main. La blonde était désemparée. En ayant un peu plus d'informations concernant Cecilia, elle aurait pu convaincre Yvain. Anaïs savait que c'était à présent chose impossible pour un petit moment. Tenter de réveiller Rozenn était inutile. Lorsqu'elle faisait une crise, rien ne pouvait ébranler son sommeil. Sans alliée, Anaïs allait devoir convaincre seule ou gagner du temps en attendant le réveil de sa paresseuse de frangine. Pour elle, c'était Cecilia ou aucune des quatre. Cette dernière option était radicale et peu pratique car elle les obligerait à poursuivre leurs recherches, mais elle avait au moins le mérite de contenter tout le monde. Pour autant, Anaïs n'avait guère envie de prendre le risque de ne trouver personne après avoir refusé les quatre postulantes proposées par Rozenn. Elle décida donc de garder Cecilia dans un coin de sa tête, même si Yvain la refusait catégoriquement. Il venait déjà de se contredire, il pouvait à nouveau changer d'avis.

- Je croyais que les quatre vous convenaient, finit par répondre Anaïs en prenant un petit feuilleté au jambon de Parme pour masquer son agacement.

Le Lugnan était revenu à la charge en proposant la troisième. Aux yeux de son épouse, elle était à peine plus acceptable que la quatrième. Cette dernière pouvait éventuellement cacher une certaine compétence avec les enfants sous son fard. En revanche, la troisième avait beau être naturellement mignonne – ce qui, de toute façon, l'éliminait d'office d'après les critères d'Anaïs – elle ne semblait aucunement à l'aise pour être la domestique de quiconque. C'était une chance, car la blonde pourrait plus facilement travestir la vraie raison de son refus : hors de question d'avoir une rivale au physique si similaire au sien et au caractère introverti similaire à celui de son mari. Contrairement à la quatrième, elle pourrait charmer Yvain sans même vraiment le vouloir. L'inverse était également vrai : réservée et impressionnable, elle pouvait très bien tomber sous le charme du nouveau maître du Castellaccio qui n'avait pourtant rien d'un séducteur.

Sentant la situation se tendre, Georges réclama un roulé au jambon puis demanda à aller jouer un peu plus loin. Sa mère accepta, ne voulant guère l'avoir dans les jambes si la discussion venait à s'envenimer. Et c'était bien parti pour.


- Non plus. Elle est justement trop discrète. Ils ont besoin d'autorité et de fermeté dès que nécessaire sinon ils deviendront infernaux. Or je suis convaincue qu'elle est incapable de se faire respecter.

Anaïs croisa ses courtes jambes afin de s'installer plus confortablement dans son fauteuil. L'ambiance était glaciale et elle savait qu'elle y était pour beaucoup. Malgré cela, elle n'en démordait pas : Cecilia ou personne. Après un long silence vaguement troublé par la respiration de Rozenn et Georges qui jouait avec ses petites figurines un peu plus loin, Anaïs crut bon d'ajouter :

- Et avant que vous ne me proposiez Alessandra, c'est non aussi. Elle est sûrement excellente comme domestique, mais pour s'occuper de nos enfants… Je ne pense pas. Et puis Rozenn semble vouloir la garder auprès d'elle.

Toutes les postulantes avaient été passées en revue et le constat était alarmant : leurs avis divergeaient totalement. Anaïs savait qu'elle ne changerait pas d'avis, mais qu'Yvain pourrait éventuellement revoir sa position. En réalité, elle l'espérait ardemment, car elle commençait à être vexée par l'intérêt qu'il montrait soudainement pour les postulantes alors qu'en arrivant il se fichait éperdument de savoir qui allait s'occuper de leurs enfants. Rien de tel pour exacerber sa jalousie qui atteignait déjà un niveau record. Yvain allait devoir jouer la carte de la sagesse, sous peine de connaître la première vraie brouille avec son épouse.
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Message par Yvain de Lugnan Dim 19 Juin - 22:31

En effet. Il avait bel et bien dit que toutes les prétendantes lui convenaient, mais c'était avant que son épouse refusât toutes ses propositions et se décidât pour la pire des quatre sans qu'il n'ait aucune marge de manœuvre. Il était arrivé en en ayant rien à faire et cela semblait la contrarier. Maintenant qu'il portait un minimum d'intérêt à tout cela, cela la contrariait également. Le Lugnan leva les yeux au ciel, passablement irrité par ces brusques changements de comportements inexplicables. Quoi que plus il y songeait, plus une potentielle raison se dessinait dans son esprit. Des quatre candidates, elle avait choisi celle qui avait l'air la plus bête. Avait-elle peur que la nourrice soit plus cultivée qu'elle et que les enfants se sentent en de meilleures mains avec la domestique qu'avec elle ? Il posa sa main contre son menton, le nez toujours levé vers le plafond. Cette raison n'avait rien de logique, comment pouvait-elle seulement imaginer que les enfants préféreraient une inconnue à leur propre mère ? Ce ne pouvait être cela qui causait un tel comportement. La seconde option, à y regarder de plus près, venait peut être du physique des postulantes. Car des quatre, en plus d'avoir jeté son dévolu sur la plus idiote, elle avait également choisi la moins agréable à l'oeil. Comment diantre pouvait-elle s'imaginer qu'il tomberait dans les filets d'une autre femme ? Lui qui avait déjà mis tant de temps à aimer sa propre épouse ? Le Lugnan commençait à s'irriter lui même face à toutes ces raisons aussi saugrenues les unes que les autres. Il ne pouvait pas se résoudre à penser que sa délicate, merveilleuse et parfaite épouse était jalouse de guenons pareilles.

Il fronça alors les sourcils, renfrogna encore un peu plus sa mine et reposa ses yeux d'émeraude sur la Vellini, essayant de comprendre la véritable raison de tous ces refus, et surtout de ce choix grossier. Finalement, plus tout cela tournait dans son esprit, plus il s'était persuadé que Cecilia ne ferait pas du tout l'affaire et qu'il était hors de question qu'elle foulât le pavé du castellaccio. Néanmoins, puisqu'aucune autre ne trouvait grâce aux yeux d'Anaïs, le pauvre homme était face à un dilemme plus que préoccupant. Il était impensable de refuser toutes les prétendantes que sa suzeraine s'était probablement échinée à trouver. Il savait qu'elle était incapable de s'énerver, à moins qu'il ne soit question de renier sa foi. Ce qui n'était pas du tout au programme. Mais il se doutait qu'elle en serait particulièrement vexée. Certes elle ne le montrerait pas car Rozenn était bien plus forte qu'elle en avait l'air, mais il n'avait aucune envie de la blesser... Cette recherche lui avait probablement demandé beaucoup de temps. Temps qu'elle n'avait donc pas passé avec ses filles. Néanmoins, malgré toute cette bonne volonté pour préserver sa suzeraine et belle-soeur, il était également inconcevable de mettre sa femme en rogne pour si peu, elle qui avait l'air déjà à fleur de peau. Face à ce désemparement interne criant, son cerveau eut une illumination subite, qui sortit directement sous forme de phrase, sans passer par le filtre du "je tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler" :


-Ma Dame. Je ne vous comprends guère. Alors. Je dois vous demander. Serait-ce vos menstruations ?

Grosse tarte dans la tronche en vue !
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Lun 20 Juin - 15:43

Quand on se veut distingué, il faut savoir faire preuve de discernement et de sang-froid. Ainsi, quand Yvain décida de se comporter comme un rustre, Anaïs dut faire tout son possible pour ne pas exploser. Elle avait beau ressembler à un être tout droit sorti des lieux les plus froids de ce monde, elle n'en était pas moins impulsive. Cela lui arrivait bien peu souvent, et encore moins en présence d'Yvain. Et quand elle se mettait en colère, ce n'était certainement pas à cause de son époux en général. Cette fois, pourtant, c'en était trop. En silence, elle avisa les mets qui se trouvaient devant ses yeux, sur la table : des roulés de jambon de Parme, des feuilletés au jambon...de Parme, du vin italien… Sa colère était telle que durant quelques secondes elle imagina les plateaux de roulés de jambon et de feuilletés dégringoler sur la tête de son mari. Et pour un repas tout à fait complet, Anaïs n'aurait certainement pas oublié la boisson. Les œufs étaient réputés pour avoir des bienfaits sur la chevelure, en était-il de même pour le vin italien ?

Elle dut pourtant se contenter de rêver. Ils n'étaient pas chez eux et Rozenn ne manquerait pas de se réveiller et de crier au sacrilège si sa jumelle s'avisait de gâcher la nourriture en la projetant sur Yvain. Et puis il y avait Georges non loin de là, et Wilgeforte encore plus près, dans ses bras, cet accès de colère n'était donc pas envisageable. Dès lors, il ne lui restait qu'à garder le contrôle d'elle-même, ce qui dans le cas présent représentait un effort surhumain.
Lentement elle tourna la tête vers Yvain et le fixa froidement.


- Pardon ? J'espère que vous vous rendez compte que même votre cousin doit avoir assez de décence pour ne pas poser une telle question. Et pourtant, son sens des convenances est tout particulier, c'est dire si votre remarque est déplacée.

Sa voix ne cachait pas sa colère. Elle n'avait pas pu lui balancer les amuse-gueules de Rozenn à la figure, elle se vengeait donc sur les mots. Et cela ne lui suffisait pas. Anaïs avait envie de prendre Georges sous un bras, et Wilgeforte sous l'autre, et de mettre les voiles pour retourner au castellaccio. Malheureusement pour elle, Rozenn roupillait encore. Difficile de partir sans lui dire au revoir ni expliquer pourquoi elle partait si précipitamment. Elle devait donc rester alors qu'elle n'avait plus aucune envie de discuter avec qui que ce soit. Cela incluait donc les quatre prétendantes dont le choix lui importait peu à présent. Après tout, si Yvain venait à la tromper avec la domestique, elle aurait cette fois une bonne raison de lui coller un plateau en pleine tête.

- Et puisque vous avez décidé d'être particulièrement énervant, ajouta-t-elle, je vous laisse choisir la prétendante la plus à votre goût, maintenant que vous vous sentez concerné par la question.

Anaïs jeta un coup d’œil par dessus son épaule pour voir si Georges continuait à jouer. C'était le cas. Si leur père venait de se montrer particulièrement pénible, les enfants restaient sages comme des images, à l'image de leur tante qui dormait encore et toujours. En revanche, quelque chose lui disait que son mari n'allait pas en rester là. Elle venait de lui dire qu'il l'énervait et qu'il venait d'être moins poli que Rodrigue, soit deux affronts qu'il ne laisserait certainement pas passer. Dommage pour lui, elle assumait pleinement ses paroles et ne comptait pas les retirer pour lui faire plaisir. La Lugnan-Vellini était du genre têtu, et quand elle était jalouse c'était pire.
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Message par Yvain de Lugnan Mar 21 Juin - 23:21

Hum. Le poing du Lugnan se serra contre l’accoudoir. D'une elle lui faisait l'affront de le prendre pour un rustre qui n'avait apparemment rien de mieux à faire que de parler du cycle naturel de la femme, de deux elle osait le comparer à l'ignominie qui lui servait de cousin. Pour la suite, il ne l'avait même pas écoutée, complètement focalisé sur l'odieuse comparaison qu'elle venait de faire. Il lui faudrait des semaines pour s'en remettre, voire plus encore sachant qu'elle l'avait fait sciemment, en toute connaissance de cause. Son épouse connaissait l'aversion qu'il avait pour son cousin, tout comme elle savait que ce sujet était le tabou suprême. La blonde tenait donc expressément à l'énerver, pour une raison qu'il ignorait totalement mais dont il n'avait plus grand chose à faire. Puisqu'elle ne voulait pas lui expliquer pourquoi elle refusait toutes les candidates sauf celle qui semblait la plus horripilante, préférant se cacher derrière une remarque extrêmement désagréable, il n'avait pas d'autre choix que d'être énervé.

Son second poing imita le premier et se serra, tandis que ses sourcils se froncèrent. Après quelques secondes de silence, durant lesquelles il essaya de contenir son bouillonnement intérieur, il finit par se lever brusquement en jetant un regard noir à qui voulait bien l'intercepter. Il était incapable de s'énerver autant que sa belle-soeur, cassant tout sur son passage. Il en était d'autant plus incapable que les enfants étaient là, et il n'avait aucune envie de leur faire peur en mettant en l'air petits-fours et bouteille de vin. Qui plus est, il risquait d'être de corvée détachage de parquet si Rozenn s'en apercevait... Et il y avait assez peu de chances qu'elle ne s'en rende pas compte. Bien qu'une tâche rouge dans le salon du même nom pouvait éventuellement passer inaperçue... Néanmoins, cette potentielle perspective restait assez peu réjouissante à vrai dire. Il devait donc garder toute sa dignité, et montrer qu'il était tout particulièrement agacé.


-Bordel ! Prenez la grosse. Peu importe. Je vivrai ailleurs.

Il posa son regard d'émeraude sur sa suzeraine toujours endormie et, d'agacement, fit claquer sa langue contre son palais. Il ne pouvait pas quitter la pièce sans l'avoir saluée. Pourtant il n'avait strictement aucune envie de rester. Finalement, lui et son épouse se ressemblaient beaucoup. Tous deux avaient envie de balancer ces fichus feuilletés qui trônaient sur la table, avant d'arroser le tout avec un peu de vinasse et de quitter le château en laissant le salon rouge sans dessus dessous. La seule véritable différence étant qu'Anaïs s'était énervée bien plus rapidement que lui, qui serait d'ailleurs toujours calme s'il n'avait pas été question de l'autre face de roux. Puisqu'il n'avait pas d'autre choix que de ruminer intérieurement en attendant que Rozenn daigne se réveiller, il rumina donc. Malheureusement, la fumée lui sortant presque des oreilles, il rumina à voix haute :

-Il est roux. Pernicieux. Présomptueux. Et con. Très con. Pardon. Me comparer à lui. C'est m'insulter. Merde ! Vous insulte-je ? Foutrecul ! Plaignez-vous. Si ça vous chante. Je me fous de votre opinion. Royalement ! Pause. Il se rendit subitement compte qu'il venait de penser tout haut... Urrugne ! Mais bordel ! Réveillez-vous !

Faut faire gaffe, son petit coeur va lâcher si ça continue !
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Mer 22 Juin - 16:19

Des deux époux Lugnan, qui savait le mieux se contenir ? Tous ceux qui les connaissaient auraient spontanément répondu à cette question en pointant du doigt Yvain, réputé pour son calme qui, parfois, frisait l'apathie. Finalement, toutes ces personnes avaient peut-être tort. Anaïs la première. Jamais elle n'avait vu son époux exploser de la sorte. Pire, il se montrait odieux, ne cessant de jurer et de lui parler avec virulence. Elle avait fait en sorte de ne pas dévoiler sa colère pour ne pas effrayer Georges, mais de toute évidence, Yvain n'en avait cure. Et malheureusement pour la blonde, avec Wilgeforte dans les bras il lui était impossible d'accourir auprès de son fils pour lui boucher les oreilles et lui éviter d'entendre son père jurer comme un vulgaire marchand de poisson.
Choquée, outrée, et plus en colère que jamais, Anaïs se contenta pourtant de seulement hausser les sourcils en attendant la fin de la crise de nerfs de son époux. La pénible tirade terminée, la jeune femme posa les yeux sur sa sœur qui dormait toujours. Elle, au moins, avait échappé à cet accès de vulgarité. Elle l'enviait, mais son sommeil, cette fois, n'allait pas l'empêcher de partir. Le silence était retombé, lourdement, mais les mots violents du Lugnan résonnaient encore dans la pièce.


- Avez-vous fini, Yvain ? demanda-t-elle au bout de quelques minutes, cassante, et sans un regard. Votre cousin a bien des défauts, je le conçois, poursuivit-elle, mais quand vous le critiquez, soyez de votre côté totalement irréprochable.

Anaïs marqua un temps et finit par tourner la tête dans la direction d'Yvain. Ce qu'elle allait dire n'allait pas manquer de l'énerver encore plus. Mais il avait été si odieux avec elle, qu'il lui était impossible de laisser passer les propos de son mari sans se défendre. Et la meilleure défense, il l'apprendrait un jour peut-être, c'est l'attaque.

- En l'espèce, si Rodrigue se marie un jour, je l'imagine mal parler à son épouse comme vous venez de me parler.

N'ayant plus envie de parler ni même de demeurer une minute de plus en présence d'Yvain, Anaïs se leva et se dirigea vers Georges. A voix basse elle lui indiqua qu'il était temps de ranger ses petits jouets car il était temps de partir. Puis elle prit son fils par la main et, tenant toujours une Wilgeforte incroyablement silencieuse entre ses bras, alla se planter devant le grand brun.

- Puisque vous vous moquez bien de mon opinion et que vous n'êtes pas dérangé à l'idée de jurer comme un charretier devant nos enfants, je m'en vais.

Ce faisant, elle tourna les talons et sortit. Sa jumelle dormant toujours, Anaïs chercha une domestique et lui demanda si elle pouvait lui trouver de quoi écrire. Une dizaine de minutes plus tard, elle quitta le château de Ladispoli, laissant au domestique un mot à transmettre à la Vicomtesse.

Je m'excuse pour mon départ précipité, mais tu dormais et je ne pouvais rester. Yvain et moi ne trouvons pas de terrain d'entente. Je vais donc m'accorder un temps de réflexion supplémentaire.

Je t'embrasse,

Anaïs.

Le retour au castellaccio fut étrange. Henri menait la petite carriole qui les avait conduits au château, visiblement en se demandant pourquoi le Lugnan ne suivait pas sur son cheval. Mais Anaïs arborait un visage fermé qui dissuadait tout début de conversation. Georges, lui, n'avait pas cette notion de la « limite à ne pas franchir » et avec son langage tout enfantin demanda pourquoi son père n'était pas avec eux. La blonde n'eut pas à mentir. Yvain les rejoindrait. Quand, elle n'en savait rien, et pour le moment, cela lui était bien égal.
En arrivant, elle mena les enfants aux cuisines pour les faire manger, puis coucha Wilgeforte et laissa Georges à Henri. Si elle ne savait pas quand son mari allait revenir, Anaïs savait qu'elle ne voulait pas dormir à ses côtés tant qu'il ne lui avait pas fait d'excuses. Elle fit donc le tour des chambres disponibles pour choisir celle qui lui conviendrait le mieux le temps que les choses s'apaisent. Mais Yvain était aussi buté qu'elle, cela pouvait bien durer des semaines, voire des mois. Elle ne l'espérait pas, mais pour le moment, elle n'était pas prête à faire des concessions. Sauf une.

Après avoir choisi sa chambre, elle alla dans celle qu'elle occupait avec Yvain. Certaines malles n'avait pas encore été vidées et restaient à traîner en attendant qu'on s'occupe d'elles. Anaïs s'agenouilla devant l'une d'elle, l'ouvrit et en extirpa un pourpoint gris foncé, mais surtout inachevé. Depuis des mois elle s'était remise à la couture et avait eu dans l'idée de confectionner quelque chose pour l'anniversaire de son époux. Discrètement, elle avait mis son ouvrage et tout son matériel dans l'une des malles, dans l'espoir de le terminer à temps pour le 14 juillet. Malheureusement, il ne restait plus qu'une poignée de jours avant l'anniversaire d'Yvain et il y avait encore beaucoup de travail. Les boutons n'avaient pas été cousus, les broderies n'étaient pas achevées. Elle allait devoir y passer ses nuits alors qu'elle n'avait plus trop envie de travailler pour un homme qui venait de l'envoyer promener aussi violemment. Sa fierté avait été heurtée, néanmoins, Anaïs finit par se convaincre qu'elle devait terminer son travail et l'offrir, malgré leur dispute. Ils restaient mariés, elle l'aimait toujours, et Georges de son côté gribouillait de nombreux dessins qu'il voulait à tout prix offrir à son père pour son anniversaire. Dès lors, même si les tensions risquaient de subsister d'ici la date fatidique, il ne lui semblait pas raisonnable de faire l'impasse sur ce jour qu'attendait tant son fils.

Persévérante, Anaïs prit le pourpoint, son matériel et les porta dans sa nouvelle chambre. Puis elle revint dans la chambre du couple, la vidant de la plupart de ses vêtements et des objets se trouvant sur sa coiffeuse. Après avoir tout déménagé dans sa nouvelle chambre, elle alla trouver Georges et remercia Henri pour l'avoir surveillé. En restant avec son fils, la Lugnan-Vellini s'évitait une autre scène car il était peu probable qu'Yvain fasse deux fois l'erreur de se montrer incorrect devant Georges. Pour le savoir, il n'y avait plus qu'à attendre le retour de son mari. S'il revenait.
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Message par Rozenn Caillavet Jeu 23 Juin - 23:29

Elle n'avait rien demandé et pourtant elle s'était bien empaffée. Nul ne saurait dire si cette subite perte de conscience venait du fait qu'elle se faisait foncièrement chier en écoutant des présentations qu'elle avait déjà entendues ou s'il s'agissait tout simplement d'une énième crise de narcolepsie. Une chose était sure, elle avait clairement bien fait de tomber dans les bras de Morphée vu ce qu'il était de se passer dehors ! Entre une qui n'assumait pas du tout sa jalousie envers des domestiques, italiennes de surcroît, et l'autre qui se prenait subitement l'envie de s'intéresser à un truc si emmerdant... Le feu avait fini par prendre aux poudres ! Heureusement pour son estomac, les petits fours étaient toujours à leur place, et heureusement pour son foie, la bouteille de vin était presque aussi pleine que lorsqu'elle était arrivée dans les mains d'Alessandra. Bref, considérant ces différents facteurs déterminants dans la décision de réveiller ou non son hôte, son inconscient n'avait pas jugé bon de lui faire prendre part à ces échauffourées verbales. D'une parce que la Boulette était très nulle en haussement de ton, du genre pas crédible du tout. De deux parce qu'elle était particulièrement incapable de prononcer le moindre gros mot, et donc de rivaliser avec Yvain. Les seuls daignant sortir de sa bouche étant : Sacrebleu, crénom de nom, parbleu,... Tout ce qui pouvait avoir un rapport avec Dieu sans tomber dans le blasphème en clair. De trois parce qu'elle aurait très certainement essayé de placer une petite blague pour détendre l'atmosphère, et se serait fait renvoyer dans ses buts de façon probablement peu aimable. Ainsi, afin d'éviter tout incident diplomatique, tant sur le plan familial que vassalique, il avait été décidé qu'elle ne se réveillerait qu'une fois la tempête passée, que dis-je, le cyclone, l'ouragan, le tsunami !

Comme dit l'adage "après la pluie, le beau temps", le calme revint dans le salon au départ de la blondasse. Au claquement de la porte, les yeux de La Basque s'ouvrirent subitement et constatèrent qu'il n'y avait plus qu'elle et Yvain, abandonnés comme deux vulgaires épis de blé moisis dans le fond du silo. Et vu la tronche que tirait Yvain, il venait de se passer quelque chose d'anormal... Rien que le fait qu'il soit là tout seul était anormal d'un côté ! Intriguée, mais aussi affamée, elle enfourna une feuilleté au jambon dans sa bouche avant de le faire passer avec un verre de vin. Elle croisa ensuite les bras, constatant que son grand benêt de vassal n'allait pas lancer les hostilités et expliquer pourquoi il avait la fumée qui lui sortait par tous les pores et surtout pourquoi cette saleté de blonde malpolie s'était tirée sans même attendre qu'elle se réveille ! Parce qu'à bien y réfléchir, la seule explication plausible au fait que, y'a deux secondes elle était entourée des Lugnan au complet et de quatre ritales prêtes à morfler avec ce couple carrément pas drôle, et que maintenant elle entendait presque les mouches voler, c'était qu'elle avait eu une absence, et qui avait certainement duré plus de deux secondes d'ailleurs. Décroisant rapidement les bras histoire de se frotter le bout du nez, perdant ainsi le peu d'autorité qu'elle pensait se donner en les croisant, elle réadopta sa posture de "Ô merveilleuse suzeraine, je ferais tout ce que vous voulez" et commença :


-C'est quoi c'bazar ?! Pis elle est passée où l'aut' là ? Haussement de sourcil, décidément, ce ton faussement autoritaire lui allait carrément pas au teint. Beh, assoyez vous don' Yvain, v'm'avez point l'air bien ! V'dormez ici c'te nuit ou quoi ? J'bien une chamb' pour vous mé bon... J'suis pas sure qu'la vie à Ladispoli vous aille hein. On est un peu bruyant !

V'là l'image qu'elle avait de sa soeur et de son beauf : deux gros lourdeaux chez qui on a pas envie de se faire inviter le dimanche après la messe. Ca vous plombe le moral pour la fin de journée alors que vous venez de passer une super matinée à écouter un prêche passionnant récité par un curé très investi ! Certes, les prêches de Ladispoli restaient encore très mystérieux pour la Rozette, puisqu'à moitié en latin et à moitié en italien histoire de toucher ceux qui étaient instruits et ceux qui l'étaient moins. C'était ce qu'il y avait de bien dans la messe finalement... Malgré les clivages qui disent que les nobles s'assoient à un certain endroit tandis que les bourgeois et paysans sont cantonnés dans un autre, tout le monde écoutait la même chose. Un moment de partage comme le Très Haut l'avait souhaité finalement... Parfois, elle poussait même le vice jusqu'au bout en venant encapuchonnée et sans ses filles afin de ne pas être reconnue par ses gens et pour pouvoir se mêler parmi eux sans  avoir les remarques désobligeantes des notables du coin genre : pouah, la vicomtesse c'est une gueuse, je sais pas ce qu'on attend pour la renverser. Sympa hein ? En fine stratège -si si je vous assure-, elle ne s'amusait pas à faire ce genre de chose si souvent que ça, parce que ça demandait pas mal de préparation quand même. Fallait faire croire qu'on partait sur Rome pour aller prier avec les cardinaux, ou qu'on était de corvée voyage diplomatique chez un voisin de la noblesse pontificale et que ça faisait bon genre de participer aux messes faites chez eux... Des petits mensonges pour une simple envie de se fondre dans la masse comme elle le faisait avant... Elle s'en confessait toujours dès la fin de la messe en tout cas ! Car Boulette, Vicomtesse de son état, venait toujours remercier l'officiant !

Je me suis égaré c'est ça ...?
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Message par Yvain de Lugnan Ven 24 Juin - 1:27

Entre faire les cents pas, taper contre un mur, quitter le salon sans autre forme de procès ou coller une baffe à Rozenn afin qu'elle se décide enfin à ouvrir les deux yeux, le Lugnan hésitait. En plus de l'avoir comparé à ce crétin de rouquin, elle se faisait un malin plaisir de continuer à le rabaisser alors que c'était elle qui l'avait cherché, elle qui l'avait contraint à s'énerver, elle qui avait foutu la merde en somme. Il pouvait donc au moins se rassurer sur une chose, sa femme était bien une femme. Il n'y avait qu'elles pour mettre le bazar là où tout allait bien dans le meilleur des mondes. Il n'y avait qu'elles pour faire une montagne de quelque chose d'insignifiant. Pour finir, il n'y avait qu'elles pour sortir de leurs gonds dès qu'il était question des cycles hormonaux, alors qu'il n'y avait rien de plus naturel que ça. Pour ne rien arranger à ses tourments intérieurs, il comprit qu'il était complètement inadapté à la spontanéité. Son cerveau réfléchissait bien plus vite que son débit de parole, ce qui avait induit des raccourcis dans la prose. Ainsi, le "je me fiche royalement que vous ne compreniez pas que j'ai finalement décidé de prendre Cecilia, s'il n'y a que ça pour vous faire plaisir... Je ne compte pas vivre ici ad vitam aeternam de toute manière. Je survivrai bien deux mois." se transforma en un simple "je me fous royalement de votre avis". Une simplification à l'extrême qui n'avait fait que décider Anaïs à écouter la conversation sans chercher à savoir d'où venaient les torts.

Rapidement, il se retrouva donc seul avec l'endormi, qui s'éveilla dès que le silence fut revenu... Comme si elle avait attendu que la situation s'apaise avant de sortir de sa torpeur. Suivant les mouvements de la Vicomtesse de son regard noir, il ne put que constater qu'elle ne trouvait rien d'anormal à ce qu'ils se retrouvent seuls dans le salon, alors qu'il y a quelques secondes à peine ils étaient encore cinq. Il fulminait, avait envie de lui balancer le reste des feuilletés dans la figure afin qu'elle les engloutisse plus vite et se décide plus tôt à s'intéresser un minimum à la situation, et pourtant il n'en fit rien. Il continua simplement de bouillir intérieurement, au bord de la surchauffe. Finalement, avec toute la lenteur intellectuelle qui caractérisait sa suzeraine, elle fendit le silence avec son ton maladroit. Si habituellement il aurait simplement soupiré en levant les yeux au ciel, cette fois il fit une nouvelle fois claquer sa langue contre son palais avant de lâcher un tranchant :


-L'autre. C'est Ma Dame. Attention.

Apparemment, la remarque n'eut aucun effet sur Rozenn, qui quitta néanmoins cette mine renfrognée avant de lui dire de s'asseoir et d'enfin se rendre compte qu'il y avait quelque chose qui clochait. Il était presque rassuré de voir que quelqu'un avait de l'intérêt pour sa santé aujourd'hui, et se décida à obtempérer en retournant s'asseoir sur son fauteuil afin de se calmer. Ses yeux redevenus presque émeraude étaient plongés dans le vide et il réfléchit encore quelques instants à la réponse à apporter avant de faire avancer la discussion...

-Non. Enfin. Je ne sais point.

...Ou pas.
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Message par Rozenn Caillavet Ven 24 Juin - 2:09

Il y avait déjà une nette amélioration dans le comportement de la grande gigue ! Il avait accepté de s'asseoir et de reprendre une respiration relativement normale. On sentait aussi bien moins l'énervement dans son regard. Autrement dit, il n'y avait plus qu'à le détendre encore un peu pour obtenir les informations nécessaires à la compréhension de cette mascarade ! On vous l'a dit que c'était une fine stratège malgré les apparences... Car fine, elle était loin de l'être, et sa bouille ronde ne lui donnait pas vraiment l'être d'être maligne... Et pourtant ! Elle allait parvenir à ses fins, et sans que personne s'énerve qui plus est ! Qui l'eut cru que finalement, de tous, c'était elle la plus calme. M'enfin calme... Dans le sens où elle s'énervait jamais quoi... Parce que dans le genre surexcitée sans arrêt, elle se posait là, la dukesa !

-En tout cas z'avez l'air certain d'pas vouloir rentrer au castellaccio !
-Oui ! Hum. Non. Ma Dame est énervante.
-Ben ouais mé quelle idée d'épouser une blonde aussi. Forcément qu'elle est chiante !
-Non. C'est la première fois.
-Pourquoi avec moi elle est tout l'temps méchante alors hein ?!
-Là n'est point le sujet. Ce jour. Je suis tiraillé. Voyez-vous.
-D'accord d'accord... C'est quoi l'sujet alors ? Dites moi tout !
-C'est-à-dire que. Cette histoire de nourrice. Je n'y comprends rien.
-C'pas bien compliqué pourtant ! Y vous faut quelqu'un pour s'occuper d'vos marmots d'temps en temps. Nan ?
-Non.
-Ah... Alors moi nan pu j'comprends rien.
-Cela. Je l'ai compris. Ce qui m'échappe. C'est la réaction de Ma Dame. Elle refusait tout. Ses prétextes étaient. Pause. Creux. Elle a préféré la pire.
-Cecilia ?
-Oui.
-Prima ! S'exclama Rozenn, ravie de pouvoir se débarrasser de son pot de colle un mois ou deux.
-Hum ?
-Hein ? Oh nan rien ! Ca vous plaît pas à vous ?
-Non. Mais. Ce que je ne saisis point. C'est pourquoi. Pourquoi elle n'a point voulu discuter.
-En vrai ? Z'avez pas une p'tite idée ?
-J'ai supposé que. Pause. Cela venait de. Pause. Mais bordel comme elle faisait Anaïs pour supporter des phrases aussi saccadées ?! Ses menstruations.
-Naaaaaaaaaaan !? La Basque retint un rire. Z'avez vraiment dit ça ? Mé ça va pas la tête ! On dit pas ça aux femmes voyons !
-J'ai cru comprendre... En effet... Fit-il, l'air dépité.
-Nah mé. Sans blague ! Vous avez pas une aut' idée ? Ca vous traverse pas l'esprit qu'elle choisi Cecilia pa'ce qu'on dirait un peu moi en plus moche ? Ca fait comme si elle serait ma cheffe !
Le Lugnan haussa le sourcil et la Boulette retroussa alors le nez. Bon ok, le poisson était peut être un peu trop gros...
-Bon d'accord d'accord, plus sérieusement... Y'a rien d'plus simple mon cher vassal ! Alessandra est belle, pis elle reste intelligente pour une domestique. Delia est discrète et serviable. Pis Fiora ben... Elle pourrait facil'ment s'marier à un bourgeois vu comme elle s'pavane. Cecilia ? Ben elle est moche, bête à manger du foin, extravagante et carrément pas mariable. En clair, c'la seule qu'est complètement inadaptée à vous, et pour laquelle z'avez aucune chance d'craquer.
Gros blanc. Le cerveau d'Yvain devait actuellement être en train de faire "jour, nuit, jour, nuit, jour, nuit, ...". Soit il était carrément dégoûté qu'elle y ait pensé avant lui. Soit il était en train de s'auto-persuader que c'était pas possible.
-Monteroni ?
-Impossible.
-V'croyez qu'Anaïs est pas jalouse ?
-Exact. Comment peut-elle l'être ? Ce sont des domestiques. Et puis je l'aime.
-Rhonnnn c'meugnon. Ne put-elle s'empêcher de dire avec un air niais.
-Cessez. Vous avez l'air ridicule.
La Boulette sourit en coin, comme à chaque fois qu'elle faisait l'andouille de façon parfaitement maîtrisée et calculée. Oui, des fois elle prévoyait de faire l'andouille, tandis que les autres fois elle avait juste la flemme d'être intelligente.
-N'empêche j'ai raison. Dites moi Yvain. Combien d'fois vous lui avez dit d'puis qu'vous êtes mariés ?
-...
-Moi quand j'écris à Korantin, et j'lui écris au moins toutes les s'maines, ben j'lui dis à chaque fois ! Lui aussi y m'le dit toujours quand y répond. Bon des fois il a pas l'temps mé j'sais qu'y m'aime quomême ! Y pense tell'ment fort à moi que j'l'entends jusqu'ici.
Elle ne se confiait jamais sur le sujet, mais elle avait senti que c'était nécessaire pour faire évoluer son vassal et surtout pour l'aider à affronter la terrible épreuve qui l'attendait : la blondasse. Pis elle en avait profité pour divaguer un peu, penser à son chéri d'amour étou étou. Bon bref, reprenons.
-Allez hop ! Dehors maint'nant ! J'vous ai pas donné un castellaccio pour qu'vous dormiez chez moi ! Pis vous allez dépasser vot' quota d'parole pour dix ans avec moi !
-Mais.
-Il est grand, ça s'trouve vous la verrez même pas. Allez allez ! Oust. Fit-elle en faisant gigoter ses doigts dans l'air, comme pour le pousser à partir.
Le grand brun se leva de son siège, inclina le buste afin de la saluer et elle lui offrit un grand sourire en guise de réponse avant de lui faire un signe de main. Avec tout ça, elle allait encore devoir garder Cecilia tant qu'ils s'étaient pas rabibochés ces deux là...


-Crotte... J'mal géré mon coup là...
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Message par Yvain de Lugnan Sam 9 Juil - 16:43

"Il est grand", n'avait-il eu de cesse de se répéter intérieurement sur le chemin du retour. Du trot le plus lent que sa monture le lui permettait, il arpentait les ruelles de Ladispoli et de Monteroni, surprenant quelques conversations dont il ne comprenait pas la teneur, mais qui lui valaient pourtant des regards parfois menaçants. A chaque fois, il levait les yeux au ciel et sortait de sa besace le tortil de seigneur de Monteroni. Les regards menaçants se transformaient alors en un air inquiet, comme s'ils se voyaient déjà au fond des geôles du castellaccio, et ils prenaient leurs jambes à leur cou, espérant ne pas être rattapés. N'ayant aucune envie d'une course hippique à travers la Vicomté, d'autant plus que ce genre d'âneries était dangereuses pour la santé -chutes, secouage de reins, etc. !-, il ne se lançait jamais à leur poursuite, se contentant d'hausser les épaules en se jurant d'apprendre l'italien. De toute façon, puisqu'il n'avait aucune envie de parler à son épouse une fois rentré, il n'aurait pas d'autre choix que de se plonger dans la lecture des auteurs locaux pour passer le temps. Non pas qu'il rêvait jour et nuit d'apprendre une nouvelle langue, mais s'il voulait avoir l'air crédbible vis-à-vis de ses administrés, et aussi vis-à-vis de sa suzeraine, il n'avait guère d'autre possibilité. Il y avait bien l'option d'apprendre le français à la population de Monteroni, mais cela risquait de prendre un temps fou, pour des résultat potentiellement peu probants du fait que les gens n'auraient pas que cela à faire d'apprendre un truc juste pour le bon plaisir du mec qui viendra prélever leurs impôts.

Une fois arrivé devant la porte d'entrée, n'ayant plus guère de ruelles à visiter pour retarder son retour, il s'arrêta quelques instants. Rozenn n'avait pas tort lorsqu'elle disait que le castellaccio était grand et qu'il aurait peut être la chance de ne pas la croiser ce soir. Et même si cela impliquait également le sacrifice de ne pas voir ses enfants, il préférait nettement ne pas les voir à la contrainte d'être saoulé à nouveau par la jalousie excessive de sa blonde. Car oui, le Lugnan s'était fait une raison au cours de ses perigrinations : sa suzeraine avait, encore une fois, probablement raison. Il ne pouvait pas oublier que son épouse et elle étaient soeurs, et même pire, jumelles. Et bien que cela ne fusse jamais réellement prouvé, il existait toujours un lien particulier entre ceux nés d'une même couche et ces deux là, bien que complètement différentes tant physiquement que psychologiquement, ne faisaient assurément pas exception à la "règle". Ne lui restait plus qu'à trouver une manière subtile de contourner ce problème extrêmement épineux. Problème épineux qui apportait son lot de petits problèmes annexes du genre : qu'est-ce que la subtilité selon Yvain ? La jalousie constitue-t-elle réellement un problème ? Anaïs va-t-elle mal prendre le fait qu'il ait compris qu'elle était jalouse ? Faut-il être encore plus subtile que la subtilité elle même pour s'éviter les foudres d'une blonde de la même famille qu'Astride ? La destruction du castellaccio, sur une échelle de 1 à 10, constitue-t-elle un risque important ? Yvain était-il prêt à subir tant de pressions psychologiques imposées par lui même ?

Hum. Après mûre réflexion, il passerait par une porte dérobée, qu'il ne lui restait plus qu'à trouver. Il fit d'abord un passage aux écuries afin de déposer sa monture, et la chance lui sourit enfin pour une fois dans cette journée car il y croisa Henri. Il discuta quelques secondes, son temps de parole ayant été déjà largement entamé par sa conversation avec Rozenn, le temps de lui dire qu'il pouvait prévenir Anaïs qu'il était bel et bien rentré si cela pouvait l'intéresser. Ceci fait, il abandonna son cheval et se mit donc en quête d'une autre porte que celle d'entrée, parce qu'il était convaincu qu'il n'avait pas envie de risquer la croiser en train de l'attendre dans le salon avec son air mauvais style "les enfants sont couchés, ma soeur n'est pas là, maintenant ça va chauffer pour ton cul, Lugnan". Il ravala sa salive et finit donc, au bout de quelques minutes, par trouver une petite porte. Il posa sa main sur la poignée et s'arrêta. Et si elle se doutait qu'il ne passerait pas par la porte d'entrée ? Et si elle se trouvait juste derrière cette porte depuis des heures, augmentant son potentiel d'énervement à chaque minute de plus passée là ? Il secoua la tête. Pitié non. Ce n'était pas possible, il n'était tout de même pas si prévisible que ça ? Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte, mi figue mi raisin. Il lâcha presque un soupire en voyant qu'il tombait sur un couloir complètement désert.

Il ne restait plus qu'à attendre quelques jours sans trop la croiser, le temps de faire retomber le soufflet afin qu'il puisse s'exprimer clairement sur le malentendu qui les avait conduit jusque là et préparer le discours qu'il aurait à faire. Il avait un avantage notable par rapport à son imbécile de cousin : Anaïs écoutait ce qu'on avait à lui dire, jusqu'à la fin. Contrairement à Astride, qui coupait généralement très court quand elle était mécontente. Quoi qu'à bien y réfléchir, ce n'était peut être pas un si bel avantage que ça... On avait le temps de ressentir les regards de haine, de dégoût, d'envie de meurtre, pendant qu'on parlait, histoire d'être destabilisé et de raconter n'importe quoi. Argh... Dans quelle merde était-il !! Finalement, une seule et unique chose était tout à fait claire dans son petit cerveau étriqué : attendre que ce soit elle qui vienne le voir ; c'était le seul moyen d'être sur qu'elle était calmée et prête à écouter ! Le tout restait de savoir combien de temps cela prendrait...
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Mer 13 Juil - 16:14

Anaïs n'avait pas revu Yvain lorsqu'elle regagna sa chambre. Ce n'était pas un mal car elle n'avait pas envie de lui parler. Pourtant, il était bel et bien revenu, mais seul Henri se manifesta en l'avertissant de son retour. Ainsi s'acheva la journée, chacun dans son coin, lui quelque part dans le castellaccio, elle dans son camp improvisé. La colère de la blonde n'était pas vraiment retombée, mais cette solitude lui faisait du bien. Chose rare, elle essayait de voir les choses du bon côté : si Yvain avait décidé de l'éviter, cela lui permettrait de terminer la confection du pourpoint qu'elle souhaitait lui offrir sans avoir à s'inquiéter d'être découverte.

Les jours passèrent et s'il n'y eut pas de cris, il n'y eut pas de mots non plus. Les époux se croisèrent, mais ne s'adressèrent pas la parole. Anaïs attendait des excuses, mais elles ne venaient pas. Était-ce de la lâcheté de la part d'Yvain ? Ou son petit orgueil qui faisait encore des siennes ? Peut-être les deux. Chez Anaïs, l'énervement avait fait place à une certaine lassitude. Son mari finissait par lui manquer mais elle se consolait en cousant avec minutie et en constatant avec quel sérieux Georges gribouillait sur ses parchemins pour les offrir à Yvain. Concernant ce dernier, Anaïs ne savait pas à quoi il occupait ses journées, ni même s'il se formalisait de cette ambiance glaciale entre eux. Elle avait un temps espéré voir les choses s'arranger avant son anniversaire, mais il n'en fut rien.

Ainsi le 14 juillet arriva. Tout était prêt. Les dessins de Georges et le joli pourpoint dont Anaïs n'était pas peu fière. Tout était prêt, sauf l'humeur de la famille. Georges avait beau être insouciant, il n'avait pas manqué de dessiner son père, sa mère, sa sœur, et le castellaccio. Certes, il fallait beaucoup d'imagination pour le comprendre, mais c'était bien ce que l'on pouvait deviner au travers des traits mal assurés du petit garçon. Anaïs comprit donc qu'il était grand temps que les choses reviennent à la normale car son fils ne semblait pas comprendre cette situation étrange où chacun vivait dans son coin sans se parler. Alors, quand Anaïs et Georges se présentèrent auprès d'Yvain assis dans son fauteuil à méditer, la jeune femme poussa légèrement le petit garçon pour le laisser présenter ses dessins à son père. Un brin en retrait, elle tenait une boite contenant le pourpoint gris foncé en se demandant comment aborder son mari. Elle se sentait un peu stupide, mais elle n'était pas sereine. Yvain saurait accepter les présents de son fils, mais le sien… rien n'était moins sûr. Malgré un temps de réflexion, Anaïs ne savait toujours pas par quoi commencer. Finalement, elle décida de sourire et de faire comme si rien ne s'était passé, ne serait-ce que pour leur fils.


- Voici ce que j'ai fait pour vous, en vous souhaitant un bon anniversaire. J'espère que cela vous plaira.

Lentement elle lui tendit la boite et attendit anxieusement sa réaction. Non, elle ne voulait toujours pas s'excuser et n'était pas totalement décidée à lui pardonner. Mais il restait son mari, celui qu'elle aimait, et ce jour était important. Elle prenait donc sur elle, espérant secrètement que cela pourrait les aider à renouer le dialogue. Et si Yvain s'avisait de l'envoyer se faire cuire un œuf, il risquait de découvrir qu'Anaïs et Astride avaient beaucoup en commun. Le castellaccio ne manquait pas d'objets fragiles…
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Message par Yvain de Lugnan Lun 8 Aoû - 16:56

Doué d'une patience d'orfèvre, plus encore lorsqu'il avait l'heureux plaisir de vivre en paix sans aucun bruit sinistre aux alentours, il ne savait même plus depuis combien de temps il attendait que son épouse fusse calmée et daigne venir à sa rencontre. Parfois, l'idée qu'elle même attendît qu'il arrive lui traversait l'esprit, mais elle était rapidement chassée par d'autres idées, bien plus plausibles selon lui. De ces diverses supputations, on pouvait retenir celles-ci : Anaïs est bien plus forte que cela, elle n'a certainement pas besoin de lui pour survivre, elle l'a peut être même oublié et elle est en train de fomenter un plan pour se débarrasser de lui et le remplacer par un homme bien plus titré. A chaque fois il était pris d'un frisson qui lui traversait toute la colonne vertébrale, essayant de se persuader que son épouse ne pouvait pas être aussi monstrueuse malgré ses ressemblances physiques avec sa soeur. Néanmoins, son visage se teintait toujours d'effroi l'espace d'une seconde, avant de redevenir aussi impassible qu'il l'était d'habitude.

Puis un jour particulier semblât arriver, car sans y prêter garde il venait de gagner une nouvelle bougie sur son gâteau, une nouvelle année à son compteur, et peut être un premier cheveu blanc dans la masse cendrée. Ce qui lui fit prendre conscience qu'on était bel et bien ce jour ? L'arrivée subite de son fils avec un dessin et un grand sourire sur le bout des lèvres qui s'écria : "Bon aïvésère papa !". Il jeta un oeil blasé sur le dessin particulièrement immonde de son fils avant de sentir l'aura de la Vellini qui laissait entendre quelque chose du genre : "si tu oses dire que c'est moche, tu te prends l'aiguille que j'ai utilisé pour faire ce tricot dans l'oeil.". Outre le fait qu'il ne voyait aucune trace de tricot dans les parages, son air changea radicalement et il accorda un léger sourire -parce qu'il faut pas abuser non plus- à Georges avant de lui déposer un baiser sur le front en prenant avec précaution le dessin qui lui était offert.


-Merci. Georges. Mais. Hum. Retour de l'aura meurtrière oppressante. Je vous apprendrai à dessiner. D'accord ? Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait dire, mais la pression constante de ce regard d'un bleu qu'il n'avait jamais vu aussi profond le stressait tellement qu'il n'osait faire de remarque déplacée. Allez voir en cuisine. Aidez la pour un gâteau.

Maintenant qu'il s'était débarrassé de l'élément gênant qui n'avait pas à être témoin d'une potentielle effusion de sang, il se tourna légèrement vers son épouse qui venait de lui tendre une boîte. Etait-ce cette boîte qui contenait l'aiguille avec laquelle elle comptait lui crever un oeil et le vider de tout fluide corporel jusqu'à ce que mort s'en suive dans d'atroces souffrances ?! Le sourire qu'elle lui accordait était-il sincère ou le signe d'une attaque imminente dès qu'il poserait la main sur cette boîte ? Il avala sa salive et, fier de ses quelques semaines d'entraînement sur les terres de Biriatou, il se décida pour une fois à faire preuve de courage et non de couardise ou de fainéantise. S'il devait mourir ici et maintenant, le jour de son anniversaire, il devait l'assumer. Après tout, il avait déjà bien vécu pour un Lugnan. 27 ans, pour un maladif tel que lui, ce n'était pas si mal quand on y pensait. Sa soeur n'avait pas eu la chance de vivre aussi longtemps, son père ne devait pas avoir survécu plus de temps que cela lui non plus. Alors à quoi bon essayer de lutter contre le funeste destin d'une famille de faibles ? Avant d'ouvrir le présent de la mort annoncée, il se leva de son fauteuil afin de faire face à cette si belle femme qu'il avait appris à aimer et qu'il chérissait plus que tout au monde avec ses enfants. Il approcha sa main gantée du menton de la blonde afin de le redresser, considérant qu'il n'avait plus rien à perdre maintenant, et il pencha ensuite son visage vers celui d'Anaïs, posant presque son front contre le sien et il chuchota quelques mots, comme s'il s'agissait des derniers qui sortiraient de sa bouche avant qu'elle ne rende son dernier soupir :

-Sachez que. Je vous aimerai toujours. Ma Dame.

Il s'écarta légèrement afin d'ouvrir la fameuse boîte. Il ferma d'abord les yeux comme s'il avait peur de ce qu'il allait découvrir à l'intérieur. Mais il les rouvrit rapidement, se souvenant qu'il s'était promis d'être courageux jusque dans la mort. Et comment lui crever l'oeil s'il le fermait ? Il tomba alors nez à nez avec un très beau pourpoint gris, comme si elle n'avait pas osé lui confectionner quelque chose d'une autre couleur puisqu'il n'en portait jamais d'autre. Il cligna deux fois des yeux, ne sachant plus s'il devait être soulagé, ou s'il devait se détester d'avoir imaginé que son épouse était une meurtrière, ou si... Ce n'était qu'une diversion avant de le tuer d'un coup d'épée dans le dos. Du courage ! Ne laissant rien paraître de son hésitation, ayant au moins 2% de certitude que ce cadeau était réellement sincère et qu'il ne risquait strictement rien, il lui offrit un léger sourire. Pris d'une subite envie de lâcheté, ne voulant pas abandonner ce si beau visage, il lâcha quelques mots pour gagner du temps, pour semer le trouble, et surtout parce qu'il ne se souvenait plus vraiment pourquoi il en était arrivé à s'imaginer qu'elle veuille le tuer sans autre forme de procès :

-Ma Dame. Pourquoi sommes-nous fâchés.
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Message par Anaïs de Lugnan-Vellini Lun 8 Aoû - 23:02

Dans la pièce, s'il y en avait un qui avait de la chance, c'était bien le petit Georges de Lugnan. En effet, son insouciance l'empêchait de comprendre que son père venait de sous-entendre que son dessin était hideux et qu'il nécessitait quelques petits cours pour proposer des dessins dignes d'intérêt. A cette idée l'enfant semblait même ravi, ne perdant pas de vue que cela impliquait de passer du temps avec ce père qu'il adorait. Surtout, son insouciance lui permettait de ne pas voir que ses parents se jaugeaient et que ceux-ci parurent satisfaits de le voir partir en direction des cuisines.

La scène entre le père et le fils n'avait qu'à peine émoussé l'anxiété d'Anaïs. Jusqu'à présent, tout s'était passé comme elle l'avait imaginé. Seuls, ils se jaugeaient. Yvain avait montré un visage inédit chez Rozenn, et si le fait de découvrir qu'il pouvait se mettre véritablement en colère n'avait pas déplu à Anaïs, elle ne voulait pas que cela se reproduise régulièrement, et certainement pas à cet instant précis.
Ses prières furent alors attendues. A un point tel, qu'Anaïs en resta bouche bée. Les gestes, la déclaration, de belles surprises pour la jeune femme qui s'attendait à plus de froideur. Prise au dépourvue, incapable de répondre, Anaïs se limita à un nouveau sourire en guise de réaction. Elle avait pourtant très envie de lui rétorquer qu'elle aussi l'aimerait toujours, mais elle avait également conscience qu'elle allait passer pour une sotte. Être si enthousiaste après des jours de silence allait la faire passer pour une faible, or il n'en était pas question. Un peu de dignité tout de même !

Elle observa donc l'ouverture du paquet. Au sourire que fit Yvain, elle comprit qu'il était satisfait. Car nul remerciement ne vint. En temps normal, Anaïs aurait été vexée. Pas là. Elle se moquait bien du pourpoint maintenant qu'Yvain ne lui était plus hostile. Et alors qu'elle cherchait encore les mots pour renouer le dialogue – car un concours de sourires allait vite lasser – son mari la devança. Pourquoi étaient-ils fâchés ? La question méritait d'être posée. Quelques jours plus tôt, il aurait été facile d'y apporter une réponse, mais à présent ? Le temps avait fait son œuvre et Yvain ayant rappelé qu'il l'aimerait toujours, les raisons de cette dispute étaient tout à fait futiles. Ou presque.

D'humeur plus légère, elle se rapprocha à nouveau d'Yvain, retira le pourpoint de ses mains pour le poser sur le fauteuil, et vint se nicher entre ses bras. Ses yeux bleus scrutaient ce visage de vingt-sept années. Il restait beau et pourtant Anaïs ne pouvait s'empêcher de penser au temps qui passait et à sa faible condition physique. Et si on le lui enlevait plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu ? Cette idée lui était effroyable et les disputes paraissaient dès lors si dérisoires… Par conséquent, cette fâcherie devait être terminée le plus vite possible. Cela avait trop traîné.


- Parce qu'il semblerait que vous n'acceptiez pas l'idée que je puisse être jalouse et ne souhaite pas avoir sous notre toit une femme qui puisse me faire concurrence.

Quand on crève l’abcès, il faut faire ça bien. Mais bien décidée à solder cette histoire pour de bon, la jeune femme passa ses petits bras dans le dos de son mari, et reprit :

- Mais puisque vous dites que vous m'aimerez toujours, je n'ai aucune raison de m'inquiéter, n'est-ce pas ?

La question n'attendait aucune réponse. Et pour le prouver, Anaïs se hissa sur la pointe des pieds pour embrasser celui à qui elle n'avait pas adressé une parole depuis des jours. Le long baiser achevé, la Lugnan-Vellini crut enfin bon d'ajouter, un air tendrement provocateur aux lèvres :

- Vous savez que vous restez beau même quand vous débitez un torrent d'injures ?

En même temps, une Vellini ça n'épouse pas n'importe quoi.
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Message par Yvain de Lugnan Mar 9 Aoû - 23:45

Un fin sourire en coin vint étirer ses lèvres pâles lorsqu'il la sentit au creux de ses bras et lorsqu'elle avoua que tous les prétextes qu'elle avait débités lors de leur visite à Ladispoli étaient faux, la seule et véritable raison à tout cela étant qu'elle était simplement jalouse de toutes celles qu'elle s'imaginait pouvoir lui faire de l'ombre. Satisfait qu'elle avouât enfin que toute cette histoire n'était qu'un simulacre raté de jalousie mal placée, il posa doucement son nez contre les cheveux dorés de son épouse, prêt à ajouter quelques mots réfléchis afin de ne pas attiser une nouvelle fois la flamme de la haine. Il en avait assez soupé ! Néanmoins, sa diatribe bien pensée s'écrasa lourdement sur l'arrière de ses dents car Anaïs, elle aussi, fut prise de l'envie de rajouter quelques mots à ce qu'elle venait déjà de dire. Religieusement il l'écouta, cherchant en même une façon d'arranger sa tirade dans un autre coin de sa tête. Et contre toute attente, sa blonde venait de lui servir sa transition sur un plateau d'argent ! Evidemment qu'il l'aimerait toujours, alors pourquoi s'inquiéter autant ? Il sauta sur l'occasion, de peur qu'elle ne veuille encore ajouter quelque chose, au risque qu'il finisse par oublier complètement ce qu'il avait envie de dire. Et pourtant, dès qu'il eut la bouche ouverte, il fut happé par la vitesse de son épouse qui se hissa pour l'embrasser. Il en était certes ravi, voire même aux anges, mais c'était à croire qu'elle faisait tout pour l'empêcher de sortir cette phrase bien sentie qu'il avait imaginée dans le feu de l'action. Lui qui avait l'habitude de prendre la mesure de tout ce qu'il faisait afin d'éviter au maximum les erreurs était prêt à se jeter à corps perdu dans un truc presque spontané ! Spontanéité mise à mal par une Vellini bien plus vive que lui et qui dégaina en premier le compliment qui tue.

Une partie de lui était déçue, extrêmement déçue même, tandis que l'autre était ravie d'apprendre qu'il restait beau, grand, svelte et sexy même lorsqu'il était hors de lui. Certes, il n'était pas aussi expressif que certaines quand il atteignait le point d'énervement extrême, mais au moins, c'était peut être grâce à cela qu'il restait séduisant, sculptural et merveilleux. La fierté dans le regard, il avait l'intime conviction que son heure était enfin arrivée, et il n'était pas question de sa dernière heure, mais bien de son heure de gloire et de... spontanéité qui allait sentir le réchauffé après ce délicat compliment venant d'Anaïs. Mais peu importe, ce qui était pensé et jugé comme acceptable et digne d'être sorti devait absolument sortir afin d'éviter un éventuel bug system.


-Et vous. Ma Dame. Aucune ne vous arrive à la cheville. Que dis-je. A la plante de votre pied.

Très kitsch, mais il n'en restait pas moins content de lui. Tant et si bien qu'il croisa les bras en mode beau gosse. Il n'était pas du genre à complimenter ou à s'étendre des heures durant sur ses sentiments, et son épouse le savait. Elle saurait se contenter de ce qu'il venait de dire, et comprendrait également que, bien que maladroit, il le pensait sincèrement. Il ne lui restait plus qu'à essayer ce fameux pourpoint et à manger le gâteau que Georges allait réaliser. A cette idée, il fronça légèrement les sourcils.

-Hum. Peut-être que. Ce n'était point la meilleure idée ce gâteau... Puissent les cuisinières sauver mon palais...

27 ans et un humour toujours aussi pourri. Au moins, il ne changeait pas avec les années...!
Yvain de Lugnan
Yvain de Lugnan
BG Malade

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